Affrontements à Ghardaïa : le bilan s’alourdit à 22 morts
La situation s’est nettement dégradée à Ghardaïa. De nouveaux affrontements d’une rare violence entre groupes de jeunes ont marqué la nuit de mardi à mercredi la ville de Ghardaïa et celle de Guerrara. Ces échauffourées se sont soldées par la mort de 15 personnes. Un bilan qui a été confirmé officiellement par des responsables hospitaliers à Ghardaïa. Au total, 19 personnes sont déjà mortes dans ces heurts. «Quatre corps ont été trouvés dans un chantier à Guerrara. Ils ont été tués par balles», témoigne un habitant de cette ville qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité. Des dizaines de blessés ont été également soignés dont 7 se trouvent dans un état critique. Le bilan des victimes s’est alourdi. Quatre autres personnes ont succombé à leurs blessures en milieu de journée, portant ainsi à 22 le nombre des morts depuis la reprise, début juillet, des affrontements entre groupes de jeunes dans la région, ont affirmé les services de la wilaya. Le plus grand nombre de décès a été enregistré à Guerrara, avec 19 victimes, dont une déplorée mardi suite à des projectiles lancés par des inconnus. Deux autres victimes ont été enregistrées mardi à Berriane et une autre à Ghardaïa, dans des échauffourées similaires. Ce lourd bilan jamais enregistré depuis le début des affrontements intercommunautaires dans la vallée du M’zab, a provoqué une véritable onde de choc à travers le pays, faisant bouger la communauté mozabite au niveau national. D’importants dégâts matériels et des destructions de biens immobiliers et de voitures ont été enregistrés. Habitations, locaux commerciaux, véhicules de particuliers, palmeraies et mobilier urbain, rien n’a été épargné. La forte présence de la police et de la gendarmerie dans cette wilaya pour assurer la sécurité n’a pas empêché la situation de se dégénérer. Ce nouveau tournant de la crise que vit Ghardaïa depuis des années inquiète, plus que jamais, les habitants de la région et l’ensemble des citoyens dans le pays. Le gouvernement tente vainement de régler la crise depuis de longs mois. Aujourd’hui, le Premier ministre dépêche en urgence son ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, à Ghardaïa pour s'enquérir de la situation, suite au drame qui s’est produit durant la nuit. A son arrivée, il a été accueilli par les autorités locales mais aussi par des notables locaux de différentes composantes de la société qui ont appelé les habitants à la «vigilance et à la sagesse» pour éviter de nouvelles pertes humaines. Le Conseil des sages de Berriane a prévenu dans une déclaration récente, sur le risque d'enlisement de la situation, appelant à une intervention en urgence pour éviter des drames. En vain.
Rafik Meddour