Crise et luttes de clans : le RCD redoute le pire pour l’Algérie
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne voit nullement une issue à la crise politico-économique du pays que celle de la transition démocratique et d’un retour progressif à des institutions légitimes. Dans un communiqué rendu public aujourd’hui, le secrétariat national du RCD qualifie les derniers changements opérés par-ci, par-là comme un signe de panique au plus haut sommet de l’Etat en raison de la poursuite de la dégradation de la situation économique nationale. Pour le parti de Mohcine Bellabbas, qui milite pour une période de transition démocratique, «le rétrécissement de la rente et l’incapacité avérée du chef de l’Etat à arbitrer entre les différentes loges de janissaires sont porteurs de risques accrus de dérives». Le RCD considère ainsi que «les récents limogeages opérés dans les corps constitués de l’Etat, la répression à Ghardaïa et les menées terroristes, désormais de moins en moins confinées en Kabylie, ne sont pas de nature à rassurer les populations livrées à l’instrumentalisation de l’intox et de la rumeur orchestrées parfois par les institutions elles-mêmes». Pour ce parti de l’opposition démocratique, la dégradation de la gouvernance algérienne provoque un affolement au sommet de l’Etat, qui est désormais perceptible à travers les discours et les orientations économiques contradictoires. «Incapable du moindre résultat dans l’assainissement du secteur informel après des années de “campagne d’éradication”, le gouvernement pense avoir trouvé la parade en sortant du chapeau l’amnistie fiscale», dénonce ce parti qui se demande par quel miracle les barons de l’informel décideront du jour au lendemain de se «repentir» pour intégrer ou réintégrer la sphère légale et partager leurs gains, voire leur rapine avec la collectivité nationale. Le RCD se réfère à la réconciliation nationale qui exclut dans les textes ceux qui avaient les mains tachées de sang. Mais concrètement, personne n’a été exclu. Ce parti se demande ainsi comment le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, va «exclure de cette amnistie l’argent sale du crime et de la drogue». Ainsi, pour le RCD, la crise financière née de la dégringolade des prix des hydrocarbures met à nu l’indigence de la politique économique du pays. «Des corporations syndicales, patronales ou élitistes peuvent avoir des “idées” sur une meilleure rentabilisation des dépenses publiques, mais il demeure que fondamentalement la faillite à ce niveau découle de la gouvernance politique», souligne-t-il, estimant qu’il est vain de croire à un assainissement et à une orientation de la sphère économique vers la production et l’effort sans le renvoi d’un système qui perdure par le captage de la rente, l’achat des consciences et la corruption. La seule voie de salut, c’est l’organisation d’une transition pacifique et démocratique où les élections à tous les niveaux, y compris celle d’un président légitime, sont confiées à une instance nationale indépendante qui pilote, organise et gère le processus électoral dans son intégralité et dans ses détails. Le RCD exprime dans ce sillage son attachement à la CLTD qui reste un cadre de concertation et d’action loin des conflits idéologiques. «La plate-forme de Zéralda est, jusque-là, le texte autour duquel s’organisent les initiatives et les engagements pour une transition politique. Etant entendu que chaque parti garde son autonomie pleine et entière sur les voies et moyens de faire avancer son propre programme», affirme ce parti qui condamne «avec la plus grande fermeté» les assassinats programmés et fomentés à Ghardaïa par des officines occultes dans le but d’entretenir d’autres abcès de fixation dans le sillage des luttes de clans ouvertes pour la succession de l’accaparement de la rente. Le RCD considère que les militants politiques et pacifiques dans la Vallée du M’zab et, partout ailleurs dans le pays, sont des facteurs d’ordre et d’espoir dans une Algérie exsangue par la corruption, l’injustice et le désespoir. Il exprime tout son soutien à l’ex-maire de Berriane, Nacerdine Hadjadj, secrétaire national à l’Aménagement du territoire du parti, mis sous mandat de dépôt dans le sillage des arrestations de ceux qui étaient impliqués dans les derniers événements tragiques qui ont endeuillé la Vallée du M’zab.
Rafik Meddour