Bekhti Belaïb : «Je ne visais pas mes prédécesseurs !»
L’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce n’est pas pour demain. Sans le dire clairement, le nouveau ministre du Commerce, Bekhti Belaïb, fait savoir que le chemin pour y arriver est encore long. Dans un entretien accordé à l’agence officielle APS, Bekhti Belaïb, qui a fait sensation par sa sortie critique la semaine dernière, estime que les efforts consentis restent insuffisants pour pouvoir conclure un accord avec les membres de cette organisation. «Il importe pour la partie algérienne en charge de ce dossier (négociations pour l'accession à l'OMC) de consolider et de renforcer les résultats obtenus à chaque étape de ce processus», a soutenu le ministre selon lequel le premier round des négociations, tenu il y a plus de 16 ans, où il était à la tête de la délégation algérienne, constituait «une référence historique importante dans le processus de négociation pour l’adhésion de l’Algérie à l’OMC». Continuant sur sa même ligne critique vis-à-vis de ses prédécesseurs, Bekhti Belaïb estime que le rappel de cette échéance, aujourd'hui, aidera «à mesurer les efforts et les résultats accomplis par la partie algérienne dans le cadre de ce processus laborieux et difficile». «C’est aussi pour dire que ces efforts et ces résultats demeurent encore insuffisants au regard des intérêts et des droits légitimes de notre économie que nous devons continuer à défendre dans le cadre de notre démarche de négociations», assure le ministre. Belaïb relève l’existence d’un «large consensus national qui conforte la démarche du gouvernement de ne pas vouloir adhérer à l'OMC à n'importe quel prix». Lors de l'atelier sur les accords de l'OMC tenu récemment à Alger, le ministre avait mis particulièrement l'accent sur «les difficultés objectives à vulgariser, à expliciter, voire à motiver l’opinion publique à s’intéresser, à comprendre et, même, à se passionner pour la question de l’adhésion de l’Algérie à l’OMC». Pour lui, ce dossier «relève du domaine des qualifiés, des initiés et des experts des différents secteurs de l’économie nationale». Pour le nouveau ministre, les cadres en charge du dossier doivent expliquer aux Algériens les enjeux, les intérêts et les inconvénients liés à la question de l’adhésion du pays à l’OMC qui compte aujourd’hui 162 Etats membres représentant plus de 97% du commerce international. Il faudra aussi faire connaître les accords de cette organisation multilatérale et les règles fondamentales qui régissent le commerce mondial dont l’Algérie est bel et bien partie prenante, qu'elle soit membre ou non de l'OMC, ajoute le ministre. Pour lui, «il est donc de l’intérêt de notre pays d’être au fait de ces accords et des règles régissant le commerce mondial». Le ministre exprime, par ailleurs, son mécontentement quant aux commentaires contenus dans les médias suite à ses déclarations récentes sur le processus de négociations. «Mes propos ne visaient en aucune façon à responsabiliser ou à accabler les gestions antérieures du dossier de l’adhésion du pays à l’OMC», soutient le ministre qui reconnaît que le processus de négociation de l'accession à l'OMC est long et techniquement complexe.
Rafik Meddour