L’ancien colonel du DRS Mohamed Khalfaoui : «L’armée algérienne subit une guerre d’usure»
L’ancien colonel du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), Mohamed Khalfaoui, est convaincu que les saisies quasi quotidiennes d’armes, de drogue et de différents produits de contrebande aux frontières, annoncées par le ministère de la Défense nationale, participent d’une guerre d’usure qui vise, à la longue, à fatiguer l’Armée nationale populaire, dont les responsables, a-t-il souligné, n’ignorent pas les dégâts que cette guerre sournoise peut causer sur le moral des troupes et les moyens qu’elle nécessite. Cet ancien officier des services secrets n’a pas caché sa crainte, lors d’une intervention sur la chaîne Ennahar TV, que les différents changements opérés au sein des services des renseignements soient symptomatiques d’une «guerre de clans» au sommet de l’Etat, qui mettrait aux prises «la présidence de la République et les services spéciaux». L'auteur de l'essai intitulé Le renseignement, enjeu d’une guerre silencieuseen veut pour preuve la dernière décision de retirer le Groupe d’intervention spécial (GIS) au DRS et de répartir ses éléments sur différentes structures opérationnelles de l’ANP. L’ancien colonel, qui dit espérer se tromper dans sa lecture des événements, s’est interrogé sur les raisons qui ont poussé le Président à «dissoudre» cet organe de sécurité hautement qualifié au moment où le pays en a le plus besoin, expliquant que l’armée est déjà dotée de son propre corps d’élite, c’est-à-dire les troupes spéciales. «De deux choses l’une, analyse Mohamed Khalfaoui, soit le GIS a été dissous parce que ceux qui ont pris cette décision ont estimé qu’il n’était plus utile, soit parce qu’ils en ont peur». L’ancien officier supérieur du DRS laisse entendre que le président Bouteflika se méfierait du DRS, au point de lui retirer, outre le GIS, la Direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP), désormais rattachée à la Garde républicaine que dirige l’ancien commandant de la 5e Région militaire, le général-major promu récemment général de corps d’armée, Ben Ali Ben Ali. Mohamed Khalfaoui a rappelé que l’armée avait dû, dans les années 1990, s’appuyer sur les gardes communaux et les Groupes de légitime défense (GLD) pour mener sa guerre contre le terrorisme. En faisant ce rappel, l’ancien colonel a voulu expliquer que l’Algérie a plus que jamais besoin – à la fois – de renfoncer ses services de sécurité et d’assurer une coordination parfaite entre les différentes composantes du système de défense nationale. Pour lui, les dernières décisions qui ont touché particulièrement le DRS n’abondent pas dans ce sens.
Karim Bouali
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