Colosionisation de la Palestine – Le zoomorphisme israélien ou l’identification par l’animalité (III)

«Les Palestiniens (sic) sont des bêtes (1) qui marchent sur deux pieds», déclarait Menahem Begin. S’«il n’y a rien de semblable aux Palestiniens», selon Golda Meir, qu’est-ce qui pourrait alors leur ressembler, en plus d’être des «esclaves» et un «cancer », etc. ? A l’abaissement des Palestiniens, à leur infériorisation, s’ajoute, comme si le dispositif raciste ne suffisait pas, leur bestialisation. En effet, les Israéliens se feront adeptes du zoomorphisme, oubliant, sans doute, que les Allemands de confession juive en furent les victimes dans l’Allemagne nazie, et plus largement dans l’Europe fasciste. L’antisémitisme, une vision du monde, un système et une pratique totalement fabriqués par la civilisation européenne, on ne le répétera jamais assez, s’est, entre autres, confondu avec l’exclusion des juifs du monde des humains. Cette exclusion s’inspirait également de leur identification au monde animal, aux bêtes dites nuisibles, plus particulièrement. Pour préparer les esprits à l’innommable, et pour banaliser le crime, les nazis assignent les juifs à ce que le monde animal, réellement, ou fantasmatiquement, a de plus abject, sordide, effrayant, infâme : reptiles, rat, cafard, cancrelat, criquet (2). Notons que l’assignation de l’être humain à l’animalité, bien avant le fascisme et le nazisme, a été pratiquée, à l’échelle de tout un continent, le nôtre, par le concepteur de ces deux idéologies, le colonialisme occidental (3). L’identification des juifs par les nazis à l’animalité visait explicitement leur destruction. Nous savons ce qu’il en advint. On aurait pu penser, au nom des leçons de l’Histoire – dispensées à tout crin par l’Occident – que ces procédés de néantisation d’êtres humains seraient définitivement bannis. Les «esprits» européens qui se taisent encore aujourd’hui, à quelques rares exceptions, sur les crimes de l’Etat sioniste acceptent ainsi que des descendants de ceux qui subirent cette abomination en Europe fassent leur les méthodes nazies à l’endroit des Palestiniens (4). Tenus par les élites militaro-politiques et religieuses israéliennes – Premiers ministres, ministres, chefs d’état-major de l’armée, officiers généraux, rabbins –, leurs termes sont les exactes figures bestiales utilisées par les nazis.
Sous-hommes, les Palestiniens sont aussi des bêtes :
– «Les Palestiniens sont comme des cancrelats dans un bocal», (1979…), Rafaël Eitan, ex-chef d’état-major de l’armée israélienne, 1979 ?
– «Les Palestiniens sont des bêtes qui marchent sur deux pieds», «des criquets qui devraient être écrasés», Menahem Begin, ex-Premier ministre, 1982).
– «Lorsque nous aurons colonisé le pays, il ne restera plus aux Arabes que de tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille», (Rafaël Eitan ex-Premier ministre israélien, New York Times, 14 avril 1983).
– «Les Palestiniens seront écrasés comme des criquets… leurs têtes éclatées contre les rochers et les murs», Yitzhak Shamir, ex-Premier ministre, 1er avril 1988.
– «Les Palestiniens sont comme les crocodiles, plus vous leur donnez de viande, plus ils en veulent», Ehud Barak, ex-Premier ministre, ex-ministre de la Défense, Jerusalem Post du 30 avril 2000.
Cette identification au monde animal, Ehud Barak y ajoute le crocodile, tout comme le zoomorphisme des nazi-fascistes classe les Palestiniens dans la catégorie des sales (5) bêtes.
Fantasmes et imaginaire aidant, les insectes et les reptiles représentent ce qu’il y a de pire dans le monde animal. De plus la figure et le statut de sale bête – criquets, cafards – auxquels sont assignés les Palestiniens renvoient à une nuisibilité, une inutilité ontologique.
Smaïl Hadj-Ali
(Suivra)
1- Voir à ce propos, « Chant de leur propre épouvante », Smaïl Hadj Ali,
http://palestine-solidarite.org/chant.smail_hadj-ali.070315
2- Fléau divin dans la Bible et l’Ancien Testament.
3- Nous entendons par là le colonialisme inhérent au système capitaliste. Dans Peau noire et masque blanc, Fanon relève que le langage du colon, lorsqu’il parle du colonisé, est un langage zoologique.
4- Nous avons consulté une étude sur le site du musée du judaïsme, traitant de la bestialisation des juifs par les nazis, mais aussi de « l’antisémitisme des Arabes ». Paille et poutre, à aucun moment cette étude ne signale les discours racistes et zoomorphes des dirigeants d’Israël à l’égard des Palestiniens. Ce n’était probablement pas l’objet de cette étude ! https://www.google.com.br/search?q=mus%C3%A9e+du+judaisme&
5- C’est nous qui soulignons.

 

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