Scandale de l’appel «apolitique» de Constantine : des Marocains viennent à la rescousse des signataires
La dénonciation par Algeriepatriotiquede l’appel signé par des poètes algériens et marocains à Constantine, suggérant insidieusement la réouverture de la frontière avec le Maroc fermée depuis 1994, a provoqué une onde de choc inattendue. Gênés par l’article, les initiateurs du document se sont rués sur les réseaux sociaux aussi bien en Algérie qu’au Maroc, les uns se défendant de vouloir faire de la politique, les autres accusant notre site d’appartenir «aux services secrets algériens», menaçant même de recourir à la justice. Cette réaction de la bête blessée confirme, en réalité, le dessein inavoué qui sous-tend cette initiative dont certaines sources informées indiquent qu’elle aurait été concoctée par deux frères poètes marocains, dont un est installé en Europe. L’appel dépasse de loin une simple déclaration éminemment littéraire couronnant la clôture d’une manifestation poétique, dans le cadre des festivités de «Constantine capitale de la culture arabe». Les signataires de l’appel et ses initiateurs du côté algérien, qui n’ont pas pris une initiative similaire avec les poètes palestiniens et tunisiens qui avaient précédé leurs homologues marocains, se rejettent la responsabilité de ce «dérapage». Leurs tentatives d’expurger leur démarche fortement contestée de toute coloration politique n’ont fait que confirmer leur intention de saisir l’opportunité de cette manifestation culturelle pour faire passer un message appelant à l’ouverture des frontières avec le Maroc, drapé dans des tournures mielleuses vantant la fraternité entre les peuples marocain et algérien et la longue histoire commune qui lie les deux pays. Algeriepatriotiqueavait rendu compte de cette entreprise machiavélique des Marocains et de leurs têtes de pont en Algérie, et l’information fut reprise par plusieurs autres médias algériens qui ont accusé ses initiateurs de graves manœuvres politiques sous couvert d’une manifestation littéraire. Des sources nous avaient alertés sur cette action en amont, nous informant que les poètes marocains et l’organisateur algérien des «nuits de la poésie» préparaient un texte politique dans lequel ils appelleraient à une sorte de «caution» de l’occupation du Sahara Occidental par le régime monarchique de Rabat, et que ce dernier avait fait coïncider sciemment la date de la «nuit marocaine» – organisée sous le très allusif slogan Achi’rou wa’tourab,qu’on pourrait traduire de deux façons : «La poésie et la terre» ou «La poésie et le territoire» (sous-entendu le «Sahara marocain») – avec le discours du roi du Maroc, Mohammed VI. Autant d’éléments qui réfutent définitivement la thèse de la motivation purement littéraire de l’appel de Constantine et qui confirment une fois pour toutes que le Makhzen mène une offensive en Algérie en investissant le champ culturel. Une guerre fourbe couplée aux nombreuses tentatives de «marocaniser» les stars de la chanson algérienne, dont certains, chanteurs de renom, mais néanmoins incultes, à l’image de Khaled Hadj Brahim, Zehouania et Réda Taliani, ont cédé au chant des sirènes.
Karim Bouali