Une contribution de l’Anaaf – Vacances : farniente et dolce vita en Algérie
Dans deux semaines, finis le farniente et la dolce vita, place au travail, à la routine, aux heures passées dans les transports… La reprise du travail après les congés d'été passés dans le pays de leur cœur sera parfois difficile pour beaucoup d'Algériennes et d'Algériens de la diaspora vivant en France. Aux mois de juillet et août, en prenant l'avion ou le bateau pour le soleil d'Algérie, certains d'entre eux ont été témoins de la détresse des agriculteurs français qui, travaillant beaucoup plus de 35 heures par semaine, ne trouvent plus dans leur activité, la vente de produits évidemment indispensables à la vie, mais aussi l'entretien des paysages de l'hexagone, une source de revenus acceptables et que beaucoup d'entre eux, surendettés pour répondre aux exigences de la concurrence, se sont révoltés en bloquant les routes et autoroutes des vacances, souhaitant ainsi une «bienvenue» aux touristes en leur faisant partager leur légitime colère. Pour les militants de l'Anaaf, le deuil des vacances est déjà fait. Ils arrivent d'autant plus facilement à le faire qu'ils savent qu'il leur faut se remobiliser autour des objectifs de leur organisation : préparer le congrès national de mars 2017 et continuer à réagir à l'actualité qui met à l'affiche les intérêts et les préoccupations de la diaspora algérienne en France. Comme chaque année, nombreux sont les Algériennes et les Algériens qui, selon la formule consacrée, sont «rentrés au pays». Tout le monde sait que l'Algérie possède un environnement exceptionnel pour que son image ne soit pas encore définitivement entachée par une certaine dégradation qui ne cesse malheureusement de se développer. La Méditerranée que l'Algérie côtoie sur quelques milliers de kilomètres de côtes, ses chaînes de montagnes aux sommets souvent très enneigés l'hiver, ses immenses plaines et son désert du Sahara magiques sont autant d'éléments qui ont toujours profondément marqué les Algériens et les visiteurs étrangers. L'image du pays n'appartient pas uniquement à ses habitants ou à ses enfants. Elle est aussi construite en fonction des populations qui ont pu le fréquenter et la manière dont ils ont ressenti son histoire récente et l'accueil qui leur a été réservé. Par ailleurs, si les problèmes écologiques et environnementaux n'ont pas encore de répercussions sensibles sur la fréquentation touristique tant celle-ci est encore limitée, ils sont l'objet de peu de préoccupations de la part de la société civile et des pouvoirs publics. Quelques efforts sont néanmoins entrepris dans ce sens dans la mesure des moyens d'action limités des autorités concernées. Les sources de pollution sont nombreuses et le budget consacré à son traitement est restreint. Ainsi, le peu d'acteurs dévoués cherche avant tout à limiter des dégâts qui ont, entre autres origines, la prolifération actuelle d'un urbanisme chaotique. Le constat est éloquent. Les ressources en eau sont gaspillées et parfois polluées. Les canalisations ont considérablement vieilli ou ont été endommagées durant la période des années noires du terrorisme et ne sont toujours, pour certaines d'entre elles, pas complètement reconstruites. De plus, les eaux d'égout, responsables de la présence de nombreux éléments pathogènes, ne sont pas efficacement traitées et s'écoulent parfois le long de certaines plages du littoral. Certains spécialistes attribuent à l'agriculture l'origine des nitrates et pesticides dont l'utilisation est excessive en raison du manque de formation des agriculteurs. L'industrie semble pour sa part responsable de la pollution des eaux côtières par ses rejets. A cet égard, la presse a plusieurs fois fait état de certaines situations devenues critiques. En ce qui concerne la pollution de l'air, les rejets industriels et les gaz automobiles sont à l'origine de nombreux problèmes respiratoires. Toujours selon les propos de certains experts et scientifiques, rapportés par la presse, les maladies respiratoires ont sérieusement augmenté au cours des dernières années. Cette situation est particulièrement visible dans les grandes villes et dans certaines régions où sont notamment implantées des cimenteries. La société civile, en partie responsable de la situation, ne mesure pas le danger du problème de la pollution de l'air qui menace la population. Si certaines associations se créent pour agir contre cet état de fait, certaines autres font figure d'instruments au service d'intérêts et de desseins privés. Il est inutile de poursuivre dans la description de la situation pour comprendre que la pollution constitue en Algérie, comme dans beaucoup d'autres pays, un véritable enjeu de santé publique. Cette question n'a pour l'instant pas influencé la fréquentation touristique de la diaspora algérienne vivant à l'étranger de manière significative, en raison de son caractère essentiellement urbain et du fait qu'il ne s'agit pas d'un tourisme de découverte. Pourtant, on peut s'interroger sur l'impact qu'aurait à subir l'environnement si le nombre de touristes venait à augmenter rapidement, mais également sur le frein que la pollution constitue à la croissance du marché et à la venue de touristes étrangers, plus portés sur la recherche d'une qualité environnementale. Malgré des efforts importants réalisés ces dernières années concernant la collecte des déchets, trop de décharges sauvages quadrillent encore le pays et sont devenues de véritables balafres dans le paysage algérien. Tous ces problèmes sont aggravés par le manque flagrant de politiques urbanistiques à travers l'ensemble du pays et constituent un autre facteur qui porte dangereusement atteinte aux qualités de l'environnement et par conséquent à celles d'une éventuelle offre touristique répondant aux standards internationaux. Dans ce secteur, le fort préjudice des années noires du terrorisme n'est pas uniquement qualifiable en termes de destructions, mais plutôt en termes de constructions sauvages. Les lois de l'urbanisme ont été partout bafouées ! L'appropriation de certains terrains publics comme privés reste encore assez fréquente pour celui qui possède des «relations» politiques ou dans l'administration. Beaucoup de constructions illicites sur le domaine du littoral maritime, de terrasses de cafés ou de simples «boutiques-bazar» mal agencées ; aucun espace ne semble avoir été épargné. Depuis trois ou quatre ans, la législation, plus particulièrement le code de l'urbanisme, semble faire l'objet d'une attention politiquement soutenue des pouvoirs publics, avec comme objectif de freiner le «boom» de la construction immobilière sauvage et illicite qui a imposé l'image d'une «Algérie bétonnée» avec des espaces défigurés, notamment ceux aux plus fortes valeurs ajoutées culturelles et touristiques. L'ensemble de ces problèmes et de ces attitudes participe à l'établissement d'un climat défavorable au développement touristique que l'actuel ministre du Tourisme veut «révolutionner»… pour diminuer la dépendance du pays vis-à-vis de la rente aléatoire du pétrole et du gaz. Qui vivra verra…
Alliance nationale des associations des Algériens de France