L’Anaaf évoque la possibilité d’une représentation au Parlement et au gouvernement français
Il est communément admis que dans toute société, il existe un certain nombre de groupes humains qui peuvent être rejetés dans un vide politique, ce qui les marginalise, les prive d'une représentation appropriée et les empêche d'exercer une influence réelle. C'est particulièrement le cas des forces individuelles et collectives de notre diaspora algérienne en France, mais aussi d'autres minorités, notamment les femmes, même si elles constituent la majorité du corps électoral en France. Aussi, le débat sur la possibilité de représentation des minorités au Parlement et au gouvernement ne cesse de prendre une importance croissante, depuis voilà plus d'une décennie. Les classes politiques françaises restent silencieuses sur ce sujet. Des promesses, toujours restées lettre morte, sont faites à chaque échéance électorale importante. C'est pourquoi nous pensons que la meilleure défense de nos droits, en tant que composante importante du corps électoral, passe par une sensibilisation efficace des citoyens d'origine algérienne en France pour qu'ils s'inscrivent sur les listes électorales et exercent massivement leur pouvoir démocratique. Notre voix sera entendue et écoutée et nos droits, en tant que minorité de plusieurs millions, seront mieux respectés lorsque de véritables représentants d'origine algérienne auront véritablement accès à la sphère politique, à la vie publique et aux lieux de décision correspondants. Notre participation pleine et entière au sein des instances politiques élues aux niveaux local, régional et national et au gouvernement n'implique aucunement un droit de veto et ne signifie pas davantage que les représentants issus de notre diaspora soient les seuls responsables politiques capables de défendre nos intérêts politiques et la dignité de notre jeunesse marginalisée socialement, économiquement et culturellement dans les banlieues des grandes villes françaises. Mais cela sera toutefois la preuve que les citoyens d'origine algérienne peuvent présenter leur candidature en ayant une véritable chance d'être élus et peuvent avoir ainsi la possibilité de faire entendre, plus fortement et objectivement, la voix de la diaspora algérienne en France. Par ailleurs, s'il est désormais prouvé que l'élection au sein de certaines instances élues, notamment au Parlement, d'un ou deux citoyens d'origine algérienne, n'est pas une fin en soi et n'est pas nécessairement synonyme d'une représentation adéquate ou d'un engagement politique adéquat, c'est en tout cas un petit début. Il est primordial que l'ouverture politique aux millions de citoyens de notre diaspora ne soit pas purement symbolique ou «alibi politique» et que les candidats qui en sont issus jouent un véritable rôle dans le processus de décision. Mais la dynamique de représentation et de leadership de notre diaspora n'aura de sens effectif que si, en amont, le pouvoir réel en France «autorise» ou «accepte» une représentation dans les exécutifs locaux des zones où l'écrasante majorité d'entre nous vit. Beaucoup de démographes ont mis en évidence la concentration de la minorité d'origine algérienne, pour des raisons historiques et économiques, dans certaines régions plus que dans d'autres régions françaises, ce qui normalement devrait signifier que la décentralisation du pouvoir à la région, la ville ou au village implique automatiquement sa responsabilisation qui, tout en étant minoritaire au niveau national, peut être majoritaire au niveau local. Que pourrions-nous demander aux autorités de la République, plus particulièrement à la représentation nationale pour effectivement accroître notre représentation en tant que composante minoritaire de la société civile ? Le Parlement peut nous ouvrir ses institutions (par le biais des systèmes électoraux ou d'autres méthodes de désignation des représentants) et voter des lois qui nous permettent, comme d'ailleurs à l'ensemble des groupes marginalisés, de jouer, au regard de notre nombre, un rôle plus important dans le gouvernement et la politique. Le premier et le plus rapide des moyens dont dispose le Parlement pour accroître des représentants issus de notre diaspora est le système électoral. A ce niveau, un certain nombre d'éléments sont déterminants : le type de système (proportionnel ou majoritaire), le nombre de représentants élus dans chaque circonscription, l'existence éventuelle d'un seuil de représentation, la possibilité offerte aux électeurs de choisir des candidats et pas uniquement des partis, et le lieu d'habitation des électeurs appartenant à des minorités (concentration ou dispersion géographique, comme précisé plus haut). Certains mécanismes, expérimentés dans d'autres grandes démocraties, pourraient être explorées en France, comme les sièges réservés, les quotas ou encore des listes spéciales pluriethniques ou intégrant la dimension de parité entre les sexes, interviennent aussi dans la détermination de ceux qui seront finalement élus au Parlement. Les partis politiques ont aussi un rôle crucial à jouer dans l'ouverture aux citoyens d'origine algérienne, puisqu'ils décident de la composition de leurs listes de candidats et du style de leur campagne. Enfin, si nous nous voulons tous être responsables de notre destin en France, que la notion d'égalité des électeurs soit effective, que le vote d'un citoyen d'origine algérienne ait la même valeur que celui d'un autre citoyen issu d'une autre diaspora, nous devons nous inscrire massivement sur les listes électorales, et voter tout aussi massivement le moment venu, pour que notre voix soit enfin entendue et respectée…
Alliance nationale des associations des Algériens de France