Le recours à l’endettement de plus en plus envisagé : l’Algérie prépare-t-elle son suicide économique ?

L’Algérie qui a prêté cinq milliards de dollars au Fonds monétaire international (FMI), en octobre 2012, après avoir remboursé sa dette extérieure par anticipation, sera-t-elle, encore une fois, obligée d’emprunter de l’argent à l’étranger pour pallier la chute de ses moyens financiers qui risquent de ne pas suffire pour répondre aux besoins du développement et, sans doute, à ceux de la vie quotidienne des Algériens, tout simplement ? Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n’a pas exclu cette éventualité : «au cas où… », a-t-il fait savoir à l’occasion de la réunion gouvernement-walis qui s’est tenue à Alger, samedi 29 août. Il a même vanté les chances de l’Algérie d’obtenir les prêts qu’elle demandera. Le spectre de l’endettement extérieur a été également évoqué, dimanche dernier, mais plus subtilement, par le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, qui a commencé par rassurer en affirmant que «l'Algérie n'éprouve pas le besoin de recourir à l'endettement extérieur pour couvrir ses engagements budgétaires». Il fait reposer son optimisme sur la confiance placée dans les acteurs de l’économie informelle qui vont répondre, du moins le pense-t-il, à l’appel du gouvernement en injectant leur argent dans le circuit bancaire national (selon Abderrahmane Benkhalfa, citant la Banque d’Algérie, l’argent de l’informel est estimé entre 1 000 et 1 300 milliards de dinars). Pour le moment, le ministre des Finances ne parle que d’endettement interne, mais cet optimisme excluant la spirale infernale de l’endettement extérieur ne va pas au-delà de 2016. Si le dispositif d’intégration de l’économie informelle dans la sphère formelle ne réussit pas, nous serons vulnérables dans quelques mois, reconnaît-il. C’est le fameux «au cas où…» du Premier ministre. Le gouvernement n’aura pas d’autre choix que la voie de l’endettement auprès de prêteurs étrangers qui sont à l’affût et travaillent même à créer cette situation qui conduit notre pays à l’impasse. L’opinion publique algérienne est préparée à cette éventualité par les propos d’autres membres du gouvernement qui laissent entendre que l’Algérie va recourir, à nouveau, à l’endettement extérieur sur fond d’un paradoxe facilement compréhensible : avec des caisses pleines, il n’y a pas création de richesses. Nous ne sommes pas à une bizarrerie près, il faut rappeler que le remboursement de la dette extérieure s’est fait sans évaluation des objectifs qui ont amené l’Algérie à emprunter de l’argent, dans les années 1990, auprès de la Banque mondiale, par exemple. Où sont passées ces sommes faramineuses ? A quoi ont-elles servi ? Les Algériens n’en savent rien, ce qui laisse la voie libre à toutes les hypothèses, mais surtout à une certitude, c’est que l’endettement constitue une bonne affaire pour certains, chez nous et chez les prêteurs. Dès 2012, Algeriepatriotique a traité des éléments d’information (voir article du 29 mars 2012) qui montrent comment, à travers le mécanisme de l’endettement, les assassins financiers américains ruinent le tiers-monde. Algeriepatriotique a rapporté l’histoire de John Perkins, un économiste américain, connu pour son ouvrage Les confessions d’un assassin financier, paru en 2006, qui soutient que «les Etats-Unis ont constitué un groupe de consultants qui utilisent les organisations financières internationales pour créer les conditions permettant d'assujettir des nations par l'endettement économique auprès d'organismes comme le FMI et la Banque mondiale». John Perkins donne la méthode : «Nous choisissons un pays dont les ressources sont convoitées par nos sociétés, comme le pétrole, par exemple. Nous convenons ensuite d’un prêt ruineux accordé par la Banque mondiale ou l’une de ses organisations sœurs et l’argent est versé directement aux sociétés américaines qui construisent de grands projets d’infrastructure, comme des réseaux électriques, des parcs industriels, des ports ou des routes.» Ce qu’a révélé John Perkins a été expérimenté par l’Algérie à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Les entreprises algériennes étaient systématiquement éliminées des projets financés par les prêts. Comment ? Grâce à une rédaction du cahier des charges imposée par la Banque mondiale qui pousse à choisir des entreprises étrangères. Les experts algériens seraient bien inspirés d’organiser un débat sur cette expérience pour en tirer les leçons et ne pas reproduire cette mésaventure ruineuse pour le pays.
H. A.
 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.