Mohcine Belabbas : «Le pire n’est pas à écarter»
Intervenant à l’ouverture des travaux du conseil national de son parti, ce vendredi, le président du RCD, Mohcine Belabbas a commenté les dernières décisions survenues au sommet de l’Etat. D’entrée, il considère que «la crise politique qui frappe le pays est entrée dans une phase qui entraîne l’ensemble des institutions de l’Etat dans des positionnements aux conséquences imprévisibles et périlleuses pour la cohésion nationale». «Les luttes de clans au sommet de l’édifice institutionnel, enchaîne-t-il, se sont désormais propagées dans l’institution militaire elle-même», estimant que «jusqu’ici, la cohérence dans le commandement de l’armée n’a jamais été remise en cause, y compris dans les dures années du terrorisme». Avant de s’interroger sur «la cristallisation des luttes de sérail au sein de cette institution et leur mise en avant publique au moment où des groupes terroristes se manifestent dans plusieurs régions du pays et la dégradation de la situation sécuritaire à nos frontières, qui requiert la mobilisation des énergies patriotiques». Selon l’analyse du chef du RCD, «les provocations récurrentes en Kabylie et le maintien de l’abcès de fixation de violence dans la Vallée du M’zab ne peuvent être fortuits». Parlant de «naufrage pensé et programmé du DRS», Mohcine Belabbas n’en juge pas moins que les militants «victimes de la police politique» ne puissent se suffire de «règlements de comptes entre protagonistes d’un système qui a mené le pays à la ruine». Il revendique le contrôle par la représentation populaire des instruments de sécurité du pays, en considérant que la restructuration des services de sécurité nécessite «un débat démocratique impliquant tous les acteurs». «C’est un lieu commun de rappeler qu’un Etat fort est celui qui dispose d’institutions crédibles et légitimes et consolidé par des contrepouvoirs», poursuit-il, au motif que «l’absence de toute forme de contrepouvoir, formel ou informel, est une autre menace sur l’Etat national, au demeurant, bien affaibli». Evoquant le volet économique de la crise, le leader du RCD s’en prend au gouvernement auquel il reproche son «amateurisme». Il dira, à ce propos, que les mesures décidées par le gouvernement qui consistent à augmenter les taxes sur les produits pétroliers «entraîneraient une cascade d’augmentations des prix sur la production de biens manufacturés et agricoles ainsi que sur les transports». «Le pouvoir qui a saigné le pays fera porter, une fois de plus, le fardeau de sa gestion aux seules populations». Pour l’orateur, «le pire n’est pas à écarter» avec la précarisation accrue des couches sociales les plus vulnérables.
R. Mahmoudi