L’ancien président de l’APN Abdelaziz Ziari : «Amar Saïdani partira du FLN comme il est venu»
L’ancien président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari, a sorti l’artillerie lourde contre l’actuel secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, qu’il qualifie d’illégitime. Dans une interview accordée aujourd’hui au quotidien arabophone El-Khabar, Abdelaziz Ziari se dit convaincu qu’«Amar Saïdani partira de la tête du FLN comme il est venu, par un coup d’Etat». «Je conserve toujours mon appartenance politique au FLN même si je suis actuellement en retrait. La manière avec laquelle Saïdani a pris la direction du FLN est illégitime», a souligné M. Ziari qui revient sur l’existence d’un accord entre les différents cadres du parti sur le recours à l’urne après le départ forcé d’Abdelaziz Belkhadem. «Nous avions voulu aller vers l’urne pour donner au secrétaire général la légitimité de la base et lui permettre d’être autonome dans ses décisions et loin de toute autre influence en dehors de celle des militants», a poursuivi Abdelaziz Ziari, refusant cependant de parler des forces qui ont propulsé Amar Saïdani à la tête du FLN. Pour lui, qu’importe celui qui a été à l’origine de cela, le résultat reste le même. Il affirme que le président Bouteflika n’est pas le président du FLN. «Il a accepté difficilement d’être un président d’honneur. Et ceux qui ont proposé à ce qu’il soit président à part entière du parti font dans la surenchère. Je suis certain qu’ils ne l’ont jamais consulté sur le sujet.» Abdelaziz Ziari critique vertement l’initiative du secrétaire général du FLN visant à créer un front national pour le soutien au président Bouteflika. «Je ne comprends pas comment on demande à l’opposition d’intégrer un front de soutien au détenteur du pouvoir», s’est-il interrogé, considérant qu’il s’agissait d’une «idée saugrenue» de Saïdani. L’ancien président de l’APN estime qu’il faut plutôt veiller à renforcer la classe politique, opposition et pouvoir, pour permettre au peuple de faire librement son choix, loin de toute surenchère, manipulation ou pression. Abdelaziz Ziari a également critiqué l’attitude du ministre de l’Industrie qui s’est attaqué à l’homme d’affaires Issad Rebrab sans le citer. «Tout le monde a remarqué comment le ministre de l’Industrie et de surcroît homme politique s’est comporté avec l’homme d’affaires Issad Rebrab. Il ne fallait pas qu’il l’attaque de cette manière. Un ministre de la République ne doit pas viser des personnes publiquement. Ce n’est pas élégant de la part d’un ministre», a soutenu M. Ziari qui affirme souhaiter qu’il y ait des milliers voire des dizaines de milliers d’hommes d’affaires comme Rebrab». Il critique également le Premier ministre et son entourage. Abdelaziz Ziari a également commenté les derniers changements opérés au sein de l’armée. Il a considéré ces changements comme une «bonne chose s’ils sont accompagnés d’autres changements dans le fonctionnement de l’Etat, de la politique, des élections…». Pour lui, l’avènement d’un Etat de droit et démocratique nécessite des changements profonds pas uniquement au sein de l’armée mais dans tous les secteurs et surtout dans la pratique politique. Il plaide ainsi pour la liberté totale dans l’action politique et la fin du système de la cooptation. Il estime aussi qu’il est temps pour que le chef de l’Etat cède le pouvoir pour organiser la succession dans le calme, au lieu de la faire dans la douleur. Abdelaziz Ziari a, en outre, considéré que le chef du Département du renseignement et de la sécurité, le général de corps d’armée Toufik Mediene, a quitté volontairement son poste. «Peut-être parce qu’il n’était pas d’accord avec les derniers changements qui ont touché ce département…», a-t-il ajouté.
Rafik Meddour