Des citoyens appellent au boycott des produits commercialisés par le député FLN Mohamed Djemaï
En réponse à l’adoption par une majorité de députés conduite par le FLN de la loi de finances 2016, des citoyens ont lancé une campagne à travers les réseaux sociaux pour le boycott des produits fabriqués et commercialisés par l’entreprise dirigée par le député et chef du groupe parlementaire du FLN, Mohamed Djemaï. Sur Facebook, l’appel illustré par un portrait du député milliardaire et une image de produits électroménagers Starlight est relayé par des milliers d’internautes. «Boycottez !» est le maître mot qui est transcrit dans toutes langues. Sur un de ces messages, on peut lire : «Puisqu’il veut s’attaquer au simple citoyen dans sa vie quotidienne, nous devons frapper ses intérêts !», désignant le chef du groupe du parti majoritaire dans «le Parlement des coiffeuses», est-il mentionné comme pour dénigrer l’Assemblée nationale. Député de Tébessa, Mohamed Djemaï a déjà fait l’objet de vives critiques à sa désignation, en juillet dernier, à la tête du groupe parlementaire de son parti, contre la volonté de beaucoup de ses collègues et des militants. Des voix se sont élevées au sein du vieux parti pour exprimer leur indignation de la nomination d’un affairiste et par-dessus tout dépourvu de parcours et d’éthique politiques. Le député de Bordj Bou-Arréridj et membre du comité central, M’hamed Dessa, l’avait publiquement traité d’«affairiste». «C’est un affairiste qui veut utiliser le groupe parlementaire pour ses besoins et les besoins de gens comme lui». Djemaï s’est surtout illustré par ses diatribes violentes lors des débats au Parlement. En avril 2013, alors qu’il était vice-président de l’APN, il était accusé d’agression physique contre le secrétaire général de l’APN pour une demande de prise en charge d’un forum piloté par une de ses collègues. En septembre 2014, le nom du député de Tébessa était cité dans une affaire de corruption dans sa ville natale, mais aucune poursuite sérieuse n’a été lancée contre lui. Il était accusé par un collectif de militants contre la corruption de contracter des affaires avec des trafiquants et des contrebandiers pour leur soustraire la modique somme de 14 milliards de centimes. La somme collectée devait lui servir à acheter un siège au comité central du FLN. Le député envisageait, selon le collectif, de verser ces pots-de-vin pour s’offrir une nouvelle fonction honorifique, dont le prix s’élèverait à pas moins de 50 milliards de centimes. Patron d’Essalem Electronics qui fabrique aussi des produits électroniques et électroménagers de marque Starlight, après que la firme sud-coréenne LG lui a retiré la licence en 2010, Mohamed Djemaï s’est dévoué avec zèle en faveur de l’actuel secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, qui, en retour, l’a imposé à la tête du groupe parlementaire. Un poste stratégique pour le parti en vue de peser lors des débats sur les différents projets de loi et les orienter selon les intérêts du lobby d’affairistes qui tient actuellement le parti.
R. Mahmoudi