Mokri renie la ligne modérée de Nahnah et Bouslimani et déclare son allégeance au FIS dissous
L’omniprésent chef du MSP multiplie les sorties et les écrits pour tenter d’esquisser un nouveau moule idéologique dans lequel il aimerait placer son parti, en perspective des échéances politiques à venir. Ainsi, dans un nouveau texte publié sur le site officiel du parti, Abderrezak Mokri répond à ceux qui accusent, selon lui «à tort», les islamistes d’obéir aux agendas de l’étranger, mais peine à défendre sa collusion déclarée avec le régime islamiste d’Erdogan dont il est devenu le porte-étendard en Algérie, au mépris même de son alliance avec d’autres partis politiques qui ne sont pas de même bord. Intitulée «A ceux qui ne trouvent rien d’autre à nous reprocher qu’une interprétation tendancieuse de l’histoire», cette première partie de son réquisitoire se veut une réponse à «quelques sympathisants» du FIS dissous qui accusent le parti fondé par le défunt Mahfoud Nahnah d’une sorte de «révisionnisme». Mokri rassure que ses relations avec «les vrais fondateurs» du parti dissous sont toujours «au beau fixe» et que, contrairement aux «allégations de certains orateurs zélés», le MSP n’a jamais été contre le FIS et reste fidèle à ses engagements premiers. Premier engagement cité par l’auteur : le refus du «coup d’Etat qui a remis en cause la volonté populaire en janvier 1992». Pour étayer sa thèse et montrer patte blanche devant les «calomniateurs du FIS», Mokri se réfère à un enregistrement de Mahfoud Nahnah dans lequel celui-ci «disculpait Abassi Madani et Ali Benhadj de toute accusation de terrorisme». Plus pernicieux, Mokri estime que son parti n’avait décidé d’intégrer le gouvernement que pour «couper court à ceux qui voulaient tout contrôler au nom de la lutte contre le terrorisme», avant d’accuser ceux qui le critiquent d’«émarger tous aux services des renseignements», en se référant (encore) au témoignage d’un des mentors du FIS dont il évite de citer le nom. En prenant la défense du parti dissous de cette façon, Mokri ne fait que dévoiler sa nature et son jeu. Son incursion coïncide avec la confusion qui caractérise la scène politique nationale et les inquiétudes nées de la crise économique et financière qui pointe à l’horizon. Il confirme qu'il est le prolongement du FIS dont il a toujours tenté de récupérer la base militante. Il a un pied à la CLTD, mais son cœur bat toujours pour le FIS, si bien qu'on est enclin à croire qu'il a toujours été la «cinquième colonne» pour le compte du parti dissous au sein du MSP, depuis sa création. A la tête de la première formation islamiste légale, il veut devenir l’interlocuteur exclusif des officines qui travaillent depuis quelques années pour propulser les islamistes au pouvoir dans le monde arabe. Pour y parvenir, il sait qu’il doit s’assurer au préalable l’adhésion des groupes radicaux. Pour lui, l’extrémisme et le terrorisme sont deux choses à dissocier du FIS. Faut-il lui rappeler que le numéro deux de l’ex-Hamas, devenu MSP, Mohamed Bouslimani, a été égorgé par un groupe armé issu du FIS, que des dizaines d’autres cadres du parti ont été tués par ces hordes sauvages courageusement condamnées, en son temps, par Mahfoud Nahnah que Mokri dit vénérer ? Faut-il lui rappeler aussi que feu Nahnah lui-même a été agressé par des militants du FIS à Médéa et qu’il fut pendant longtemps traité de «renégat» par les prédicateurs de ce parti dissous ? Mokri est-il en train de renier la ligne modérée défendue par les fondateurs de ce parti islamiste, Nahnah et Bouslimani ? Rien n’est moins sûr.
Karim Bouali