Le DG d’Alstom Algérie : «Notre activité risque de cesser en 2018»
Le gel de plusieurs grands projets de transport n’augure rien de bon pour Alstom Algérie qui a investi dans une usine de montage des rames de métro et de tramways à Annaba. Dans un entretien publié dans la dernière livraison du magazine L’Eco,Henri Bussery, directeur général d’Alstom d’Algérie, ne cache pas ses craintes quant à la baisse du carnet de commandes et le plan de charge de cette entreprise à capitaux mixtes algéro-français. «La difficulté économique fait que plusieurs projets sont à l’arrêt», a-t-il souligné, citant ainsi le gel des projets de tramways d’Annaba et Batna. «Le plan de charge d’Alstom Algérie, d’ici les deux années à venir, est correct. Pour la joint-venture Cital Annaba, le plan de charge est assuré jusqu’à 2018 avec l’approvisionnement des projets de Sidi Bel Abbès, Ouargla et Mostaganem en équipement. Au-delà de 2018, nous n’avons pas de projets et nous n’avons pas encore de visibilité en Algérie, donc il y a un vrai travail à faire pour donner de la visibilité à toutes ces ressources humaines qui ont acquis un savoir-faire très important et qui devait être exploité par l’équipement des tramways dans certaines villes du pays», explique le DG d’Alstom qui met en avant la possibilité d’orienter une partie de l’activité du joint-venture Cital Annaba vers l’exportation. «Nous avons émis cette idée récemment (l’entretien a été réalisé fin novembre) au gouvernement algérien et nous sommes en discussion avec les hauts responsables pour d’éventuelles possibilités d’exporter dans une partie de l’Afrique avec laquelle Alstom peut aider avec des prix bonifiés par exemple, comme il se fait un peu partout dans le monde», plaide ce DG qui veut pérenniser son entreprise. Pour Henri Bussery, «aller à l’export est une option, mais pour cette jeune entreprise, un plan de charge local doit être dégelé, surtout que nous voulons créer un pôle ferroviaire à Annaba». Il affirme que le transport ferroviaire est une orientation stratégique pour le groupe Alstom qui a vendu l’ensemble de ses activités énergétiques à General Electric pour recentrer son travail sur le rail qui offre une alternative crédible et compétitive par rapport au transport routier. Le DG d’Alstom Algérie estime que ce secteur est prometteur en Algérie. Il y a encore beaucoup à faire pour atteindre le niveau international selon lui. «Le monde autour de nous bouge et nous sommes contraints de bouger avant les autres, sinon, l’Algérie ne peut pas aspirer au développement si le problème de la bureaucratie n’est pas réglé définitivement», souligne-t-il, tout en souhaitant que «la politique du pays change dans le bon sens pour permettre aux entreprises d’accélérer la cadence du développement en Algérie». Alstom Algérie emploie 400 travailleurs bien formés. 95% sont des Algériens. Son chiffre d’affaires est de 200 millions d’euros et elle œuvre à le doubler durant les années à venir.
Hani Abdi