Une attaque contre le commandement militaire des années 1990 ?
Par Mohamed Belamine – Sous le titre «Mohamed Betchine sous les ordres de Saïd Bouteflika», le journal électronique Impact24a écrit, le 11 janvier 2016, dans sa rubrique «confidentiel», que «l’intrigante attaque médiatique du général à la retraite Mohamed Betchine contre le général-major Khaled Nezzar est loin d’être inopinée. Selon des sources sûres, l’ancien patron de la DGSP a été actionné par le frère-conseiller du président, Saïd Bouteflika». Si cette information se confirme, s’agirait-il, alors, d’une attaque contre le commandement militaire des années 1990, qui avec le soutien de la société civile, des intellectuels et quelques partis politiques a barré la route aux islamistes ? Ou s’agirait-il d’éléments de brouillage volontaires (manipulation) visant à masquer (désorientation des analystes) les signaux annonciateurs d’une crise de fonctionnement du système politique en place ? Il est utile de rappeler que contrairement à la crise de développement où il est question de modalités de «redistribution des ressources», la crise de fonctionnement, par définition, traduit le blocage d’un système qui, devenu incapable de se reproduire de façon même simple, voit les possibilités de son développement disparaître. Dans ce cas, le système ne peut continuer à exister qu’à des niveaux de structuration et des seuils de cohérence inférieurs. C’est ce qui explique, en partie, les va-et-vient de Lakhdar Brahimi, le défilé de responsables du gouvernement français, les rencontres «secrètes» entre des représentants du président Bouteflika et Mouloud Hamrouche, et dernièrement les sorties médiatiques de la famille Bendjedid, de Betchine et d'Ali Benhadj (Oued R’hiou, le fief de l’AIS aile Benaïcha, et Paris devant l’ambassade d’Algérie). Pour ce qui est de la sortie médiatique du général Betchine, le doute n’est pas permis. Il est manipulé. Car contrairement au général Nezzar, auteur de plusieurs livres et habitué à des interventions dans la presse nationale quand il s’agit de défendre l’institution qu’il a dirigée contre des attaques sournoises, celle de Betchine semble sonner faux. Plus grave, il fait découvrir au public qu’il est un médiocre qui ignore le basique d’un chef militaire. En effet, tous les chefs militaires (les vrais) savent que dans le traité de stratégie militaire «De la guerre», le général prussien Carl von Clausewitz a écrit que «la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens». Par définition, la guerre c’est le chaos (créé par les politiques), et mener une guerre c’est gérer le chaos. Ce que ne semble pas comprendre le général Betchine, c’est qu’il a participé, au titre de chef ou de subordonné, à la gestion du chaos au même titre que tous les autres militaires qui sont intervenus en 1988 et 1991-92 pour sauver le pays d’un effondrement certain, dû à la mauvaise gestion des politiques de l’époque. S’attaquer à ses anciens chefs ou à ses anciens frères d’armes, juste pour plaire à des politiques, dont certains ont été à l’origine des crises passées, voire à la grave crise qui pointe à l’horizon, équivaut à donner son arme à son ennemi pour l’aider à gagner la bataille décisive.
M. B.
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