Procès de l’affaire Saipem : les auditions fixées au 29 février
Le procès de l’affaire Saipem s’est ouvert aujourd’hui à Milan. L’audience n’a pas duré longtemps. Elle a été consacrée au règlement de certains aspects formels. Selon les informations rapportées par des médias italiens, le tribunal de Milan a statué sur les demandes de constitution comme partie civile faites par le Groupe Sonatrach et une ONG algérienne basée à l’étranger. Les deux demandes ont été rejetées par le tribunal, souverain. Aussi, selon les mêmes sources, le juge en charge de cette affaire a fixé la date de la tenue de la prochaine audience de ce procès, qui risque de durer dans le temps, au lundi 29 février. Le procès a été programmé pour le 2 décembre dernier avant qu’il ne soit reporté au 25 janvier de l’année en cours. Au moins 6 personnes sont au banc des accusés. Parmi elles, il y a 3 anciens cadres de Saipem, à savoir Pietro Varoni, Alessandro Bernini et Pietro Tali. Il y a aussi des intermédiaires algériens, à leur tête Farid Bedjaoui. Ces intermédiaires sont tous visés par un mandat d’arrêt international lancé par la justice italienne. Si l’ancien responsable d’ENI, Paolo Scaroni, a été acquitté, les autres mis en cause risquent de lourdes peines tant les chefs d’inculpation qui pèsent sur eux sont d’une extrême gravité et les preuves tangibles. Farid Bedjaoui, Pietro Varone et Samyr Ouraied ont, en effet, comme a été mentionné dans le rapport d’enquête milanais, tissé une véritable toile d’araignée qui leur a permis d’encaisser et de décaisser d’importantes sommes d’argent dans plusieurs pays sans attirer le moindre soupçon. Il a fallu des mois d’enquête et la mobilisation d’importants moyens pour que les enquêteurs italiens découvrent ce réseau. Ainsi, ils disposent de comptes bancaires à Hong Kong, au Liban, au Luxembourg et en Suisse. Les comptes déjà saisis en Suisse et en Asie par la justice italienne sont estimés à 37 millions de dollars. Mais le gros de la richesse se trouve, surtout, en Asie et aux Etats-Unis, sous forme de biens immobiliers. Selon la presse italienne qui se base sur les résultats de l’enquête, ces trois inculpés (Farid Bedjaoui, Pietro Varone et Samyr Ouraied) disposent de 9 comptes au Luxembourg et d’un certain nombre de biens immobiliers aux Etats-Unis pour un peu plus de 220 millions de dollars, y compris 2 suites présidentielles dans l’ancien hôtel Palace de New York. La décision de la justice italienne de saisir les biens de ces trois mis en cause est une preuve que les soupçons de corruption qui pesaient sur eux se confirment. Toutes ces preuves vont être présentées en audience par le parquet et les avocats de la partie civile. Ces accusés en fuite pourraient constituer la clé de voûte de cette affaire de corruption à grande échelle, notamment dans son volet relatif à l’implication de Chakib Khelil et à son rôle dans ces commissions et rétrocommissions.
Hani Abdi