Le FLN à Ahmed Ouyahia : «En quoi une demande d’abrogation de l’article 51 est-elle un crime ?»

La polémique enfle entre le RND et le FLN, alors que les promoteurs de la nouvelle Constitution tablent sur une majorité écrasante des deux chambres, lors du vote de mercredi prochain. Le FLN a, ainsi, réagi aux dernières déclarations d’Ahmed Ouyahia, dans lesquelles ce dernier s’est ouvertement attaqué au FLN, lui reprochant notamment sa persistance à réclamer l’abrogation de la disposition interdisant aux binationaux tout accès aux hautes responsabilités, contenue dans l’article 51 de l’avant-projet de révision de la Constitution. Dans une déclaration au vitriol diffusée sur son site officiel, le FLN accuse, sans les nommer, le RND et son chef de «se compromettre inconsciemment dans une interprétation trompeuse» de l’attitude affichée par le parti de Saïdani, en posant le problème en ces termes : «En quoi vouloir s’assurer la loyauté à la patrie de ceux qui voudraient la servir ou la représenter exclusivement au plus haut niveau des responsabilités est-il un crime ?» «En quoi une révision de l'article 51 permettant à ceux qui voudraient servir leur pays d’origine et son développement est-elle un crime ?» s’interroge le FLN, en guise de réponse. Le débat qui n’a pas été permis depuis le lancement du projet de la Constitution s’ouvre violemment. «Ce qui est en revanche criminel, enchaîne le FLN, c’est de mettre en doute, sans preuve, leur patriotisme et leur loyauté». Sur la même lancée, l’ex-parti unique récuse toutes les accusations émanant du RND ou de son patron au sujet des résultats des dernières élections sénatoriales, en leur retournant le même grief : le recours à la «chkara» (l’achat des voix). Comme seul argument, le FLN s’appuie sur l’explication que ses frères ennemis «feignent d’ignorer que c’est Amar Saïdani qui a appelé publiquement à moraliser la vie politique et à détruire la chkara», tout en les défiant d’apporter la moindre preuve de ce qu’ils avancent. Expliquant son refus de nouer des alliances avec le RND, à la veille de ce scrutin, le FLN se dit suffisamment confiant en ses élus pour remporter la majorité. Enfin, le FLN prévient ses «adversaires» contre toute tentative de «nuire au rapport qui lie le parti majoritaire au président de la République, son président». Pour rappel, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, dans sa déclaration, jeudi dernier, à l’ouverture de la session ordinaire du conseil national du parti, s’en était pris indirectement au FLN qu’il a accusé d’entretenir la polémique au sujet de l’article 51 de l’avant-projet de la Constitution. Il a argué que l’Algérie «a besoin de renforcer son immunité». «Combien d’Algériens vivant à l’étranger ou nés à l’étranger veulent occuper de hautes fonctions en Algérie ? 5 000 ? 10 000 ?» s’est-il interrogé. «Ce qui est demandé à ces Algériens binationaux, c’est de renoncer à leur autre nationalité pour devenir ministre, ambassadeur ou wali», a-t-il détaillé, alors qu’aucune loi n’avait encore fixé les «hautes fonctions» désignées dans l’article en question. Au sujet des sénatoriales, Ouyahia revendique la victoire et dit comprendre le «choc» que cela a provoqué chez son rival direct qui, selon lui, avait «misé sur la mort» de son parti.
R. Mahmoudi

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