Déboisement à Béjaïa : le wali ordonne la suspension des travaux
Le wali de Béjaïa a finalement ordonné la suspension des travaux de déboisement du littoral est de la wilaya, entamé par des investisseurs pour la construction de nouveaux complexes touristiques dans la zone allant d’Aokas à Souk Letnine, à environ 30 kilomètres du chef-lieu de wilaya. Les autorités ont dû se plier aux protestations grandissantes émanant de certaines organisations de la société civile et de certains acteurs politiques locaux, qui criaient depuis quelques semaines à «un massacre contre l’environnement». La section FFS de Souk Letnine voyait même dans la multiplication des hôtels dans la région une prime aux «mauvaises mœurs». Après cette mesure de suspension, prise à la hussarde, se posera inévitablement la question de son applicabilité, estiment des observateurs avertis de la sccène locale. Car les autorités engagent désormais un bras de fer avec ces investisseurs qui ont eu le quitus pour entamer leurs travaux dans cette zone. Une autorisation qu’ils ont obtenue dans le cadre du dispositif de la Calpiref. D’après nos informations, les investisseurs se concertent actuellement pour décider d’un recours à la justice pour demander d’être rétablis dans leur droit. Cette campagne contre l’investissement touristique dans la région n’est pas du goût de certains animateurs politiques locaux qui, comme l’ex-député Boubekeur Derguini, estiment que l’urbanisation de l’assiette sur laquelle est prévue la construction de ces nouveaux complexes touristiques «a été projetée depuis longtemps». Dans une réplique à l’intervention du député du FFS, Chafaâ Bouaïche, qui, lui, milite pour l’annulation de ce projet (voir notre article par ailleurs), parvenue à notre rédaction, Derguini juge que «le bon sens recommande aux investisseurs de préserver la nature boisée de ces terrains, lesquels investisseurs sont tenus de réaliser des infrastructures épousant le relief. Il faut sombrer dans la folie pour envisager une autre perspective», souligne l’ex-élu de Béjaïa pour qui le rôle d’un parlementaire ou d’un militant ne se limite pas à «une fonction paranoïaque qui se résume à la dénonciation» ou à «se mettre dans la peau du dépositaire de la morale publique et de la probité». Car, selon lui, «ces vertus existent autant dans la société que chez ces mêmes investisseurs». L’affaire promet de nouveaux rebondissements.
R. Aït Ali