Amar Saïdani tacle de nouveau Ahmed Ouyahia : «Je n’ai pas confiance en vous»

Amar Saïdani relance de plus belle la guéguerre entre le FLN et le RND en s’en prenant de nouveau à Ahmed Ouyahia. S’exprimant aujourd’hui dimanche en marge d’une rencontre du parti avec les étudiants à la Mutualité des travailleurs des matériaux de construction de Zéralda, Amar Saïdani a fait part de sa méfiance des messages d’apaisement du secrétaire général par intérim du RND. «Moi, je ne fais pas confiance au discours du RND malgré les messages d’apaisement envoyés par Ahmed Ouyahia», a-t-il dit, excluant avoir eu des problèmes personnels avec le directeur du cabinet de la présidence de la République. «Je n’ai pas de conflit personnel avec Ahmed Ouyahia, mais en politique, je ne peux pas faire confiance à un politicien comme Ouyahia», a-t-il insisté. Le SG du FLN met fin donc à la «trêve» décrétée par Ahmed Ouyahia, lors de son meeting du 20 février à Skikda. Ce dernier avait déclaré que le RND n’était pas en guerre contre le FLN. «Je salue fraternellement Amar Saïdani. Le FLN est notre principal allié politique et il le restera», avait-il assuré avant d’ajouter que «ceux qui ont exploité le printemps arabe sont toujours là à vouloir trouver d’autres fissures par lesquelles ils passeraient. Ces gens-là espèrent une guerre entre le RND et le FLN. Ils veulent que je réponde à Amar Saïdani et au FLN. Mais le RND sait d’où il vient». La guéguerre entre ces deux partis qui sont les béquilles du pouvoir remonte à la réforme constitutionnelle. Le FLN voulait que le poste du Premier ministre revienne de fait au parti majoritaire au Parlement. L’ex-parti unique avait fait des mains et des pieds pour récupérer la majorité parlementaire au Conseil de la nation sans y parvenir. Le RND avait pu conserver sa majorité relative. Par la suite, Ahmed Ouyahia a essuyé une salve de critiques de la part d’Amar Saïdani et de ses «lieutenants» sur sa manière d’avoir présenté le projet de révision de la Constitution, en précisant que la majorité parlementaire que le Président doit consulter pour la désignation de son Premier ministre signifie tous les partis au Parlement qui soutiennent le chef de l’Etat. Le FLN avait également accusé Ahmed Ouyahia d’avoir été l’instigateur de l’article 51 de la nouvelle Constitution qui exige la nationalité algérienne exclusive pour l’accès à certaines hautes fonctions de l’Etat. Les échanges acides entre les deux formations, parfois par messages codés, se sont poursuivis jusqu’au meeting, la semaine dernière, d’Ahmed Ouyahia qui a voulu mettre un terme à cette guéguerre. Mais le SG du FLN semble refuser toute trêve avec Ouyahia. Amar Saïdani s’est par ailleurs violemment attaqué à l’opposition qu’il accuse d’être au service de «forces étrangères» qui «ciblent actuellement l’Algérie», «après avoir mis le feu au Moyen-Orient». Le SG du FLN, un habitué des quartiers chics de Paris où il possède un bien immobilier de luxe, parle ainsi des partis de l’opposition comme de «vendus». «Les grandes puissances n’acceptent pas l’indépendance des pays et nous sommes ciblés. Ces puissances mènent une campagne néocolonialiste et œuvre à redessiner la carte du monde arabe au nom de pseudo-notions que ne cessent de répéter leurs coopérants et qui sont exploitées par des opportunistes», a-t-il lancé avec véhémence, accusant ainsi les «collaborateurs» de ces puissances de «continuer à revendiquer le printemps arabe malgré les drames qu’il a produits dans les pays qu’il a touchés». Pour Amar Saïdani, l’opposition n’existe que dans les salons des hôtels. «Pour certains, un parti se résume à une griffe et un fax», a-t-il dit d’un air moqueur. Pour lui, chercher à prendre le pouvoir n’est pas une bonne chose pour le pays. «Regardez ce qui s’est passé en Libye ou encore en Syrie», tonne-t-il. Il invite indirectement l’opposition à ne pas chercher l’accès au pouvoir. Pour lui, le président Bouteflika est «un homme qui a tout donné pour le pays et continue à se sacrifier pour l’intérêt de la nation». Il défend son bilan en assurant qu’il «a laissé son empreinte à travers le territoire national où l’on voit partout ses réalisations».
Sonia Baker