Saïdani anticipe les futurs échecs du FLN : après le bourrage des urnes, le grossissement des rangs
C’est une étrange instruction que celle qu’a adressée le secrétaire général du FLN à ses cadres. Il les enjoint d’ouvrir toutes grandes les portes aux nouveaux adhérents pour renforcer les effectifs du parti. Le FLN a-t-il enregistré une saignée ou n’est-il qu’une coquille vide qui pourrait être mise à nu lors des prochaines échéances électorales ? La nouvelle donne politique induite par la révision constitutionnelle risque, en effet, de déclasser la «première» formation politique au cas où les élections se déroulaient sans bourrage des urnes. Or, c’est ce que semble vouloir le Président qui, après s’être assuré quatre mandats grâce au soutien politique de l’alliance constituée du FLN, du RND et du MSP (avant que ce dernier se retire), veut terminer son quatrième et dernier mandat en s’assurant que les méthodes anciennes qui lui ont permis de régner soient à jamais abandonnées. Sans bourrage d’urnes, point de première place pour le FLN dirigé par Amar Saïdani, dévoyé de son rôle historique, miné par les querelles intestines, dominé par l’argent sale. C’est sur un ton menaçant que le secrétaire général ordonne à ses mouhafedhs de «réactiver et organiser la vie organique» au sein du parti, «vu l’extrême importance que revêt la période à venir» pour le FLN. «Aussi, décrète-t-il, je vous ordonne avec la plus grande fermeté d’ouvrir les portes des adhésions à tout le monde et à élargir la base militante !» Amar Saïdani veut puiser dans le réservoir de la jeunesse en insistant sur la catégorie des étudiants. Il cible également les femmes. Parallèlement à cette opération de «recrutement», il appelle les militants à renouveler leurs cartes d’adhérent «dans les plus brefs délais», menaçant les réfractaires et les retardataires de les priver de toute participation aux prochaines échéances électorales. Usant de la politique de la carotte et du bâton, Amar Saïdani avertit qu’en cas de «manquement» ou de «lenteur», le secrétaire général «chargera les membres des kasmas» ou «les membres des mouhafadhas» de procéder à la distribution des cartes. «Je vous exhorte à accorder à cette importante opération toute l’attention requise et à l’effectuer sans attendre», insiste Amar Saïdani qui ne veut pas se retrouver avec un parti vide à quelques mois d’un rendez-vous électoral crucial sous la nouvelle Constitution et sans la couverture habituelle de l’administration. Un fait confirmé aussi bien par le FLN que par le RND et le MSP, trois partis qui ont soutenu le président Bouteflika et qui s’accusent, désormais, les uns les autres de fraude électorale.
Karim Bouali