Nebbou dénonce la «banalisation des crimes économiques»
Le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Mohamed Nebbou, a vivement dénoncé, dans un discours prononcé aujourd'hui à l'occasion de la célébration du 20 Avril 1980, la banalisation du crime économique et de la corruption. Mettant en avant l'état dans lequel se trouve l'Algérie, Mohamed Nebbou regrette ainsi que notre pays, dont la Révolution a fait l’admiration des peuples du monde, ne soit à la une des médias qu'à cause des scandales de corruption ! «Jusqu’où les autorités du pays pensent-elles aller à ce rythme ? Jusqu’à quand allons-nous continuer à ouvrir le journal du matin sur un scandale et celui du soir sur un scandale plus grand ?» s'est interrogé le premier secrétaire du plus vieux parti de l'opposition. Pour Mohamed Nebbou, l'Algérie est plus que jamais gangrenée de l’intérieur, considérant comme très grave «la banalisation du crime et du scandale». «Il y a une génération d’Algériens qui ne connaît de son pays qu’une succession de violences et de scandales !» a-t-il assuré, précisant dans le même discours que ce pays de 40 millions d’hommes et de femmes est aujourd’hui livré en pâture à l’incompétence, à la gabegie, à la corruption, à la dilapidation de ses richesses matérielles et violemment attaqué dans ses richesses morales et symboliques». Le premier secrétaire du FFS considère que l'Algérie vit une terrible crise politique et morale. «C’est la crise politique et morale qui a généré la dictature, le mépris, le clientélisme, la corruption, la criminalité sous toutes ses formes. Quand la corruption et la gabegie se chiffrent en milliards de dollars chaque année, c’est d’abord un problème politique !» s'exclame Mohamed Nebbou pour lequel «le citoyen est agressé quotidiennement par des scandales de corruption». Le premier secrétaire du FFS souligne le fait que rien ne soit fait pour mettre un terme de manière radicale à ces crimes économiques. «Ce n’est pas un problème d’autonomie de la justice qui est posé, c’est l’existence même de l’Etat qui est remise en cause !» enchaîne Nebbou. Allusion faite au retour en grande pompe de Chakib Khelil qui se fait accueillir par des zaouïas dans le but de se refaire une virginité après les lourds soupçons de corruption qui pèsent sur lui. Mohamed Nebbou estime que cette banalisation constitue «une agression majeure d’abord contre l’Etat et ses institutions. Une agression exécutée par des forces agissant à partir des institutions contre les institutions !» Le premier secrétaire du FFS lie ainsi l'apparition du MAK, un mouvement séparatiste, en Kabylie à ce contexte de déliquescence générale. Cela avant de mettre en garde contre l'évolution de ce mouvement. «C’est un mouvement jusque-là minoritaire mais la déliquescence de l’Etat, l’absence de projets de développement, l’obstruction des perspectives d’avenir pour une jeunesse privée du droit au travail, à l’exercice de ses libertés, à son épanouissement social, politique et culturel…», soutient Mohamed Nebbou, assurant que «toutes ces raisons poussent les jeunes de Kabylie à protester et à reprendre des mots d’ordre séparatistes qui faisaient rire les gens il y a quelque temps». Nebbou souligne qu'au FFS l'attachement à l'unité nationale et à l’intégrité territoriale de l’Algérie sont indéfectibles. «Ils sont étroitement liés à notre identité politique tout comme notre engagement pour tamazight et les autres composantes de la personnalité algérienne et de l’identité nationale», précise-t-il, affirmant que la revendication de tamazight est indissociable de la démocratie. «Tamazigh est inconcevable sans la liberté. Et la liberté, comme la démocratie, est nationale», insiste Mohamed Nebbou qui considère que «la colère et le désarroi des jeunes de Kabylie sont semblables à ceux des jeunes de toutes les régions d’Algérie».
Sonia Baker