La Libye se dirige vers une guerre sans fin pour le contrôle du pétrole
La Libye semble se diriger vers plus d’incertitudes en raison de la guerre qui s’est installée dans le pays pour le contrôle des ressources pétrolières. La situation a atteint un point de non-retour dans cette bataille fratricide. Même les instances internationales n’arrivent pas à gérer ce problème. Apparemment rien ne va plus dans les rapports entre l’ONU et le groupe pétrolier dans la zone est de la Libye, qui a décidé, rapporte le quotidien des affaires britannique The Financial Times, d’écouler le pétrole libyen sur les marchés extérieures, et ce, malgré l’embargo imposé par les Nations unies à ce groupe de conclure une quelconque transaction dans ce sens.
La situation prend une tournure inquiétante, notamment autour du navire pétrolier Distya Ameya, qui bat pavillon indien. Le cargo a quitté le port de Marssa Al-Hariga il y a quelques jours, transportant à son bord 650 000 barils de pétrole, est bloqué en ce moment dans les eaux internationales, après le refus des autorités maltaises de lui donner le feu vert pour appareiller en direction de Malte. Selon le quotidien des affaires britannique, cette manœuvre de la firme pétrolière, affiliée au régime libyen auto-proclamé dans la zone est, est traitée comme une violation pure et simple de l’interdiction par les Nations unies de vendre le pétrole libyen à l’étranger. Le Conseil de sécurité a, d’ailleurs, très vite rebondi, en décidant d’inclure ce pétrolier sur une liste noire contenant les noms d’individus ou de groupes concernés par une mesure d’interdiction, d’exporter illicitement le pétrole en provenance de la Libye en raison du chaos qui y règne. Le communiqué du Conseil de sécurité est clair, souligne le Financial Times ; il qualifie ces activités de contrebande, insistant au passage sur le caractère criminel de toute action de la part de ces groupes pétroliers basés dans la zone est de la Libye de défier les décisions des instances internationales.
La décision d’interdire tout commerce pétrolier dans cette zone vers les marchés extérieures est, en fait, intervenue suite à une plainte adressée au Conseil de sécurité de l’ONU par la compagnie pétrolière nationale libyenne, dont le quartier général est basé à Tripoli, après une première tentative du régime de la zone est de vouloir écouler d’énormes quantités de brut libyen sur les marchés internationaux. La direction politique parallèle de la zone est, qui n’est pas reconnue par les membres de la communauté internationale, n’a décidément pas l’intention de se plier aux exigences des instances internationales et encore moins à la législation internationale. Naji Moghrabi, le patron de la firme pétrolière auto-proclamée dans la zone est, sous contrôle de factions islamistes, persiste et signe, en déclarant : «Nous continuerons à vendre du pétrole tant que nous avons des clients qui sont prêt à l’acheter». Qui sont ces clients ?
La guerre pour le contrôle de l’or noir et le premier facteur à l’origine du chaos qui règne en Libye depuis la chute du régime de Kadhafi. La situation risque de devenir intenable, à en croire les analystes de JBC Energy, qui évoquent les prémices d’une escalade quasi-inévitable entre la direction auto-proclamée à l’Est et le pouvoir de Tripoli. Le centre d’analyse cité par The Financial Times évoque même le risque d’attaques ciblant les infrastructures pétrolières, dont les conséquences seraient désastreuses pour l’économie de ce pays. Ceci laisse justement conclure que les ressources pétrolières est le nerf névralgique d’une guerre qui risque de se prolonger en Libye, avec toutes les implications imprévisibles d’un tel conflit sur la sécurité aux niveaux régional et international.
Boudjemaa Selimia
Londres