Le FFS dénonce «une oligarchie embusquée au sein des institutions»
Dans un discours prononcé aujourd’hui à l’ouverture de la table ronde sur le «Travail et la presse», le premier secrétaire par intérim du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche, a vivement dénoncé «une oligarchie compradore embusquée au sein même des institutions pour pomper les revenus de la rente au profit d’une caste parasitaire et antinationale». Tout en mettant en avant les dangers du néolibéralisme qui pèsent sur l’Algérie, Aouchiche a souligné qu’une partie de la technostructure de l’Etat, séduite par l’idéologie néolibérale, désintéressée du destin national, s’investit dans «des stratégies révisionnistes et régionalistes dont elle devrait pourtant savoir qu’elles signeraient l’effondrement de l’Etat et le basculement dans le chaos». Ce responsable du plus vieux parti de l’opposition salut dans ce sillage la résistance des travailleurs face à cette détermination prédatrice, et ce, «malgré la précarité organisée en arme de chantage redoutable». Le pouvoir, estime Youcef Aouchiche, exercice la menace et l’intimidation des travailleurs pour les pousser à la soumission et au néocolonialisme «ottoman» ou «saoudien». «Au FFS, nous sommes pour l’Algérie du 1er Novembre 54 et de la plateforme de la Soummam qui ont été l’œuvre de libération majeure réalisée par le peuple algérien, uni dans ses frontières et dans son projet émancipateur de réalisation d’un Etat démocratique et social souverain !» a-t-il clamé, considérant qu’«aucune lutte partielle ne peut s’inscrire dans l’indifférence ou en opposition à ce projet et être dans l’intérêt des travailleurs». Aouchiche dénonce dans ce sillage l’activisme sans vision de l’UGTA comme il rappelle l’activisme pour des visées hégémoniques de certaines structures téléguidées par les islamistes. «Les travailleurs et les syndicalistes algériens qui ont en mémoire le détournement et la domestication de la bureaucratie du syndicat unique (UGTA) ont également en mémoire le détournement et la division des travailleurs par un courant à prétention hégémonique dans les années 1990 (SIT)», a rappelé le premier secrétaire pour lequel «aujourd’hui, les travailleurs sont confrontés à la complexité croissante des méthodes d’infiltration et de détournement de leurs luttes». «Des méthodes qui visent à affaiblir les travailleurs, à les diviser, à les enfermer dans une conception corporatiste de plus en plus étroite, coupée de son insertion dans une problématique syndicale plus large et une vigilance citoyenne plus affirmée», a-t-il souligné, estimant que «les travailleurs algériens peuvent compter sur un formidable capital de luttes syndicales et sur la solidarité qui anime notre société pour amorcer cette dynamique». Pour Aouchiche, les travailleurs constituent aujourd’hui «la principale force potentiellement capable de transformer la crise née de la rente et de la spéculation paresseuse en une économie productrice de richesses». «Mais pour y arriver, estime-t-il, il faut mettre en œuvre des politiques économiques soucieuses de la justice sociale et s’engager pour que des politiques respectueuses de la souveraineté nationale se mènent dans la solidarité». Le premier secrétaire du FFS appelle ainsi l’Etat à agir «pour préserver en premier lieu les couches les plus défavorisées de la société», à «assurer les droits moraux et matériels des travailleurs» et à «défendre les intérêts nationaux ; c’est cela l’essence même d’un Etat régulateur». Il enchaîne en regrettant que «le pouvoir en place campe sur ses positions et continue de gérer d’une façon unilatérale et autoritaire les affaires du pays». Pour lui, cela est illustratif d’un manque de volonté politique pour aller vers «un véritable changement dans le pays». Une attitude qui ne fait que «nous précipiter vers l’inconnu». «La crise multidimensionnelle qui frappe notre pays s’accentue de plus en plus. Ses effets deviennent de plus en plus visibles et se font sentir chez nos compatriotes, désormais, accablés par le chômage, l’érosion du pouvoir d’achat, la cherté de la vie, la pauvreté…», a-t-il prévenu, affirmant qu’au FFS «nous avons dit non aux politiques d’austérité élaborées dans l’opacité et dont les retombées ébranlent les couches les plus défavorisées de la société».
Sonia Baker