Polaschik et Emié chez Bouterfa : les négociations sur l’exploitation du gaz de schiste ont-elles repris ?
Le ministre de l’Energie, Noureddine Bouterfa, s’est entretenu ce mercredi successivement avec l’ambassadrice des Etats-Unis et l’ambassadeur de France à Alger. L’objet des entretiens a porté, essentiellement, sur la coopération dans le domaine des hydrocarbures et des énergies renouvelables, et sur l’intérêt des entreprises, américaines et françaises, à participer dans le prochain appel d’offres pour l’investissement dans les énergies renouvelables qui sera lancé prochainement. Les termes des discussions attestent que les chancelleries américaine et française ont bien choisi le moment pour relancer les négociations avec l’Algérie au sujet des investissements dans le domaine des énergies renouvelables, mais qui, dans les faits, concernent principalement le pétrole et le gaz de schiste. Un projet que le gouvernement Sellal avait promis de relancer, après la vague de contestation qui a secoué, en 2015, plusieurs villes du Sud.
Au cours de sa visite à Moscou, fin avril dernier, le Premier ministre avait déclaré que son gouvernement était en train d’étudier le développement de cette énergie non conventionnelle, en assurant que l’Algérie était le deuxième ou troisième pays en termes de volumes de gaz de schiste, et que notre pays pouvait «vraiment trouver un moyen de coopérer (avec la Russie) dans ce domaine». Cela dénote à quel point le gouvernement est déterminé à concrétiser ce projet.
Il est aussi curieux de relever que les entretiens du ministre de l’Energie avec les deux ambassadeurs occidentaux interviennent au lendemain de l’annonce de l’annulation d’un projet d’installation d’une cimenterie dans une localité de la wilaya de Batna, suite à des manifestations surmédiatisées, notamment par l’organe officieux de la Présidence, de la population locale qui s’y opposait, prétextant les dangers sur la santé publique que constituerait la mise en marche d’un tel projet. La décision d’annulation sert-elle de poudre aux yeux pour relancer, en douceur, l’exploration du gaz de schiste et atténuer, ainsi, la colère des habitants des régions concernées par l’exploitation de cette énergie dont on dit qu’elle serait dangereuse pour l’environnement ?
En tout cas, cette diligence et surtout cette sérénité avec lesquelles le gouvernement vient de remettre sur la table des négociations l’exploitation des énergies renouvelables, sans débat public préalable, laissent penser que le pouvoir croit avoir largement aseptisé l’opinion.
R. Mahmoudi
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