Un ex-ministre zambien corrompu par le Makhzen devant le juge
Des médias zambiens rapportent que le gouvernement marocain a corrompu l’ancien ministre des Affaires étrangères de Zambie, Harry Kalaba, en lui versant des pots-de-vin contre son renoncement au soutien à la cause sahraouie. La justice zambienne vient de le condamner à rembourser tout cet argent qu’il a reçu. Cela intervient à peine un mois après l’annonce par Harry Kalaba, à Rabat, du retrait par la Zambie de la reconnaissance de la RASD, un acte illégal de sa part puisqu’il qu’il n’exerçait plus la fonction de ministre des Affaires étrangères. En effet, depuis la dissolution du Parlement zambien, le 12 mai 2016, il n’avait plus le droit de représenter la Zambie, mais il a continué à utiliser ce poste en se rendant en classe affaires au Maroc et en participant au 27e Sommet de l’Union africaine à Kigali, au Rwanda.
La justice zambienne a établi qu’Harry Kabala a séjourné, en se présentant illégalement comme ministre des Affaires étrangères, dans des hôtels cinq étoiles au Maroc. Les médias zambiens vont même jusqu’à citer les repas coûteux qu’il a consommés et les vins de choix qu’il a pris, avec l’argent auquel il n’avait pas droit, ainsi que les per diem et autres allocations spéciales qui lui ont été données dans ce pays. Pour la petite histoire, selon les médias zambiens, quand Harry Kabala a appris que la Cour constitutionnelle l’a sommé de rembourser les fonds qu’il a reçus du fait de l’exercice illégal de la fonction de ministre des Affaires étrangères, il a renoncé à son dîner et a failli s’évanouir. En cas de non remboursement, il risque l’arrestation.
D’autres ministres, en tout près de 70, sont concernés par la décision de la Cour de remboursement de tous les traitements, indemnités et autres revenus qu’ils ont reçus depuis le 12 mai 2016, lorsque le Parlement a été dissous, mais, toujours selon les mêmes sources, Harry Kalaba a été le plus durement touché et a le plus grand montant à rembourser. La Cour constitutionnelle avait ordonné aux ministres zambiens de quitter leurs bureaux sans délai parce que c’était contraire à l’esprit de la Constitution modifiée après que l’Assemblée nationale a été dissoute.
Cette affaire de corruption qui touche l’ancien ministre zambien des Affaires étrangères n’est pas nouvelle et ne surprend pas de la part du Makhzen qui a recours systématiquement à cette pratique, déguisée en lobbying, pour influencer les décisions de gouvernements et agir dans les instances internationales pour obtenir des voix et faire passer ses points de vue sur le Sahara Occidental. Algeriepatriotique a publié plusieurs articles sur ces affaires. C’est ce qui s’est passé pour amener Harry Kabala à prétendre que la Zambie a rompu avec la RASD qu’elle avait reconnue dès le 12 octobre 1979, sous la direction de Kenneth Kaunda, comme le rappelle le journal Zambian Watchdog, qui ajoute que «le 29 mars 2011, le gouvernement de Rupiah Banda a retiré cette reconnaissance en échange de quelques pots-de-vin». «Le 19 février 2016, la Zambie a décidé, à nouveau, de reconnaître la RASD en accusant le Maroc de coloniser un autre pays d’Afrique», poursuit le journal qui précise que le président Edgar Lungu a promis à l’ambassadeur de la RASD en Zambie, Salam El-Mami, un soutien sans relâche au peuple sahraoui dans sa lutte pour l’indépendance du Sahara Occidental.
Houari Achouri
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