Abdallah Zekri à Algeriepatriotique : «Comment puis-je être harki alors que j’étais gendarme en Algérie ?»
Algeriepatriotique : Une campagne de dénigrement vous cible, vos détracteurs proférant des accusations graves à votre encontre. Pourquoi ?
Abdallah Zekri : Mes détracteurs s’amusent à sortir un faux CV qui a déjà circulé lors de ma candidature aux élections législatives algériennes en 2001. La réponse est simple : pourquoi 54 ans après l’indépendance de l’Algérie se sont-ils rendu compte que j’étais un «collaborateur» et un «criminel» ? Le 15 juin 2016, le CFCM a organisé un iftar en invitant le ministre français de l’Intérieur, les ambassadeurs des pays musulmans, différentes personnalités politiques de haut rang, ainsi que des préfets. Un de ces calomniateurs a pris contact avec le président du CFCM et certains membres du bureau du Conseil pour y être invité. En tant que secrétaire général, j’ai refusé qu’un individu qui ne représente que lui-même soit l’hôte d’une institution honorable.
Ces personnes disent que vous étiez harki…
Je n’ai jamais été harki, mais gérant de l’agence postale d’une commune dénommée Dréa. A l’époque, c’était le chef des SAS (services administratifs spécialisés, ndlr) qui faisait office de maire. J’étais donc fonctionnaire des PTT du 1er mars 1959 au 1er juin 1960.
Ils affirment aussi que vous avez été rapatrié discrètement en France en 1962 «dans les bagages des tortionnaires»…
Après l’indépendance, en 1962, j’ai immédiatement intégré la gendarmerie algérienne jusqu’en 1965, à Constantine d’abord, dans le groupement de gendarmerie, puis à Sidi Bel-Abbès comme responsable du service administratif des écoles de gendarmerie. Le reste est faux et diffamatoire. Ces bonimenteurs doivent apporter la preuve et se justifier devant la justice car il s’agit d’accusations graves.
Avez-vous eu des démêlés avec la justice comme ils le disent ?
L’un de ces dénigreurs a été condamné le 4 octobre 1996 par ordonnance de référé par le Tribunal de grande instance de Paris pour diffamation, suite à une plainte déposée par le Dr Dalil Boubakeur. Puis il fut condamné par la Cour d’appel de Paris – troisième Chambre d’accusation – pour abus de confiance, falsification de chèques et usage de faux. En ce qui me concerne, en 1995, j’ai été l’objet d’une cabale par un travailleur marocain qui m’a accusé à tort de trafic d’influence.
Est-il vrai que vous avez été attaqué en justice en Algérie aussi ?
Je me rends en Algérie trois à cinq fois par an à titre privé, mais je suis le plus souvent invité par la presse et les télévisions pour participer à des débats et j’ai toujours été reçu avec les égards. Je n’ai donc aucun problème avec la justice en Algérie.
Comment avez-vous intégré la Grande Mosquée de Paris ?
C’est en 1994 que j’ai rencontré le Dr Dalil Boubakeur à un congrès à Alger où je menais un combat contre l’intégrisme et que ce dernier m’a désigné le 8 juin 1995 délégué de la Grande Mosquée de Paris et membre du Conseil représentatif des musulmans de France.
Comment avez-vous été désigné président de l’Observatoire contre l’islamophobie ?
J’ai été élu président de l’Observatoire national contre l’islamophobie à l’unanimité, en 2011, par les membres du Conseil d’administration sur proposition du président de l’époque, Mohamed Moussaoui. Je ne suis pas le seul membre, car les 24 présidents des Conseils régionaux du culte musulman (CRCM) sont membres de l’observatoire également, chargés de suivre et remonter les informations. Un de ses agitateurs s’était proposé d’en faire partie et s’est heurté au refus des présidents des CRCM.
A ce propos justement, vos détracteurs disent que le CFCM est une «coquille vide»…
La personne qui dit ça a tout fait pour être désignée au CFCM et les membres de la fédération ont refusé qu’un homme qui n’a rien à voir avec la religion puisse intégrer une telle instance. D’où ces attaques récurrentes.
Pourquoi avez-vous retiré votre plainte contre Jean-François Copé ?
C’est lors d’une réunion du bureau du CFCM que Jean-François Copé est venu s’excuser et la majorité des membres du bureau m’ont demandé de retirer la plainte. Cela s’est passé devant une quinzaine de journalistes.
Propos recueillis par Karim B.
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