Le chanteur Khaled aux Marocains : «Les Algériens sont des grandes-gueules qui aboient du matin au soir»
L’ex-chanteur de raï, Khaled Hadj Brahim, rallie la cohorte des baiseurs de main et déclare ouvertement son allégeance au roi du Maroc. C’est à une chaîne marocaine que celui qu’on continue de qualifier de «roi du raï» bien qu’il ait abandonné ce genre musical depuis longtemps, a confessé sa soumission à la famille royale marocaine. Khaled rejoint ainsi l’autre chanteur, Réda Taliani, qui fait preuve d’un énigmatique zèle envers le Makhzen, au point de multiplier les attaques contre son propre pays à partir du Maroc. «Je suis Marocain depuis ma tendre enfance», s’est enorgueilli le natif d’Oran, Khaled Hadj Brahim, devant un journaliste marocain qui n’en attendait pas moins de son interlocuteur qui se vautrait dans la courtisanerie, pour enfoncer le clou et insister sur la «marocanité» du chanteur algérien qui a été introduit dans le showbiz mondial à la fin des années 1980, grâce au producteur français Eddie Barclay, au lendemain d’une collaboration réussie avec le talentueux musicien algérien Safy Boutella.
«Au Maroc, je suis dans mon pays», a martelé Khaled, qui a toujours du mal à s’exprimer malgré les nombreuses années passées à bourlinguer d’une ville à une autre, faisant le tour du monde avec, dans ses bagages, les mêmes tubes ressassés depuis qu’il a quitté l’Algérie pour s’installer en France, à l’instar d’un grand nombre de stars du raï qui ont eu moins de chance que lui, malgré leurs grandes qualités artistiques. «Je ne suis pas un attardé», s’est défendu Khaled Hadj Brahim qui a traité ses concitoyens – algériens – de «parasites» et de «grandes-gueules» qui «aboient du matin au soir».
Khaled enchaîne en avouant son «grand amour» pour «sidna» (notre maître, ndlr) qui est «adulé autant que moi par tout le peuple marocain». Le nouveau sujet marocain ira jusqu’à affirmer n’avoir «jamais vu un roi aussi bon» que Mohammed VI, répétant à tue-tête la formule de servilité consacrée au royaume du Maroc pour désigner le monarque.
Le Makhzen marocain a lancé une offensive envers les chanteurs algériens les plus en vue pour tenter de les récupérer politiquement et de les faire se retourner contre leur propre pays. Pour ce faire, les autorités marocaines ont jeté leur dévolu sur les chanteurs les plus vulnérables, vu leur niveau intellectuel très bas. Il en est ainsi de Khaled, de Réda Taliani et de Zahouania. D’autres chanteurs, bien que très appréciés par le public marocain, ont refusé de se prêter à ces manœuvres machiavéliques.
Il faut rappeler que Khaled souffre d’une grande chute de popularité en Algérie depuis qu’il a changé de registre et a décidé – contraint – de se mettre à la musique passe-partout, très en vogue, faute d’inspiration. Cet ancien chanteur des bas-fonds qui a été révélé au grand public grâce au festival du raï organisé par l’Office Riad El-Feth – dirigé par le colonel Senouci à l’époque – dans le milieu des années 1980, a perdu de son aura petit à petit après que son compositeur et ami Kada s’est séparé de lui. Les chansons à succès de Khaled sont, par ailleurs, toutes reprises de grands noms du raï, comme Boutaïba Seghir et Belkcem Bouteldja, et des maîtres de la chanson oranaise, Ahmed Wahbi et Blaoui El-Houari.
En perte de vitesse, Khaled Hadj Brahim se jette dans les bras de son nouveau maître, après qu’il eut été humilié devant le consulat d’Algérie à Paris, où il fut hué par les nombreux Algériens qui faisaient la queue devant l’entrée de la représentation diplomatique algérienne.
Karim B.
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