Un Algérien victime d’un délit de faciès en France se confie à Algeriepatriotique
Un Algérien qui travaille dans le domaine du transport en France a été victime d’un délit de faciès commis par des gendarmes. Ce concitoyen, gérant de sa propre société de transport, s’est adressé à Algeriepatriotique pour raconter la mésaventure qu’il a eue avec des gendarmes dont le seul objectif, selon lui, était de l’humilier en le traitant comme un potentiel terroriste. Rabah Bousserief dit avoir fait l’objet d’un contrôle pour le moins étrange le 21 juillet dernier par des gendarmes de la brigade motorisée de l’autoroute de Chaumont, A31, reliant Luxembourg à Beaune en passant par plusieurs villes comme Metz, Langres et Dijon. Les gendarmes, selon lui, ont fait le tour du véhicule neuf normalement et lui ont demandé tous les documents qui concernent ce fourgon qu’il dit avoir acheté il y a tout juste deux mois. Il affirme que les gendarmes lui ont fait remarquer que le hayon de son véhicule n’était pas conforme à la réglementation. Il leur montre la preuve qu’il l’avait acheté il y a deux mois et qu’il arrangerait cela. L’un des gendarmes, poursuit-il, lui a alors lancé : «Je vois bien que vous êtes de bonne foi, mais aux yeux de la loi, vous avez commis un délit. Vous allez nous suivre donc.» L’Algérien dit les avoir suivis normalement tout au long d’un chemin de 50 kilomètres parcourus dans le sens inverse de sa destination.
A son arrivée au poste, les gendarmes lui font subir un long interrogatoire, accompagné de prise de photographies et d’empreinte digitales. «Ils m’ont demandé de leur donner tous les renseignements sur ma vie privée et professionnelle, mes comptes bancaires, mes enfants, ma femme et ses boîtes e-mail, mon lieu d’habitation, les crédits bancaires, le nom d’origine de ma mère et de mon père, etc.» Il affirme avoir refusé, puisqu’il estimait que rien ne justifiait un tel traitement. «Ils m’ont répondu d’un ton sec : « Soit vous répondez aux questions soit on vous place en garde à vue ».» Et pour clore, les gendarmes prennent 18 fois ses empreintes digitales et huit photos. Cet Algérien dénonce un abus de pouvoir, un délit de faciès et un comportement hors la loi, puisque, assure-t-il, il n’avait commis aucun délit ni contravention. La preuve, dit-il, c’est qu’après lui avoir fait subir cet interrogatoire en règle, les gendarmes l’ont relâché.
Les gendarmes, affirme-t-il, ont prélevé ses empreintes et pris les photos pour le besoin de fichage. «Quand j’ai demandé à un gendarme pourquoi ils faisaient tout cela, il m’a répondu d’un ton méprisant : « Pour vous identifier quand on vous trouvera mort à côté de votre camion. » J’ai 57 ans. J’ai parcouru toute l’Europe dans le cadre de mon travail et j’ai la double nationalité française et algérienne. Je n’ai jamais vécu cela», a-t-il assuré, regrettant que la lettre qu’il a adressée au procureur de Dijon n’ait pas été suivie d’effet. Rabah Bousserief n’est pas le premier Algérien vivant en France à subir le contrôle au faciès. De nombreux autres se font humilier quotidiennement par la police et la gendarmerie à cause de politiques alimentant la xénophobie et l’islamophobie. Si le racisme existe depuis belle lurette en France, son expression est contenue et surtout réprimée par les services de sécurité. Mais, aujourd’hui, ces mêmes services de sécurité semblent atteints par ce fléau qui met en péril la sécurité de nos nombreux compatriotes vivant en France.
En effet, depuis ces derniers mois, marqués par la multiplication d’attentats terroristes en France et en Europe en général, il arrive que des policiers et des gendarmes interpellent des Maghrébins à cause de leur couleur, de leur accent ou de leur accoutrement. Ce dépassement constaté dans les rangs des services de sécurité n’est pas le premier du genre.
Si de tels dépassements ne sont pas la règle en France, tant les policiers et les gendarmes respectent la loi, ce qu’a subi cet Algérien, en revanche, doit alerter les responsables politiques français sur les risques de dérives au sein des services de police et de gendarmerie. Pour rappel, des témoins avaient raconté à Algeriepatriotique qu’en Corse, les membres de la famille musulmane qui avait été agressée par des habitants de l’île, se faisaient tabasser pendant qu’ils recevaient les premiers soins sur place, sous le regard impassible des gendarmes présents sur les lieux.
C’est visiblement en désespoir de cause que cet Algérien a recouru à notre site pour faire connaître au grand public le mauvais traitement et le comportement raciste dont il a été victime. Un cas isolé, certes, mais qui ne doit pas rester sans suite.
Sonia Baker
Lire la lettre du citoyen franco-algérien au procureur de Dijon
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