Plan de destitution en cours au FLN : Saïdani survivra-t-il aux prochaines législatives ?
L’information révélée par nos confrères d’El-Khabar sur plus de cent députés qui se soulèvent contre la direction actuelle du FLN et réclament le renouvellement des instances de l’APN pour se débarrasser des «éléments» proches d’Amar Saïdani, confirme l’existence d’un plan visant à dégommer l’actuel secrétaire général du parti, tel que rapporté par Algeriepatriotique. Stimulés par l’approche des élections législatives qui devraient avoir lieu en mai 2017, ces députés, qui multiplient les conclaves en cette période de congé au sein de l’Assemblée populaire nationale, veulent reprendre le dessus au Parlement en éjectant les responsables désignés ou parrainés par Amar Saïdani contre qui la contestation ne cesse de s’élargir. Parmi ces députés qui se sont soulevés contre la direction du FLN, le très actif Mouad Bouchareb, ancien vice-président de l’APN, Roubah Zebbar, ex-président de la Commission des finances, Malika Foudil, Nadia Hannachi, Ahmed Saâdani, Youcef Nahat, Mohamed Dissa et Layachi Dadoua.
Les députés protestataires font pression sur le président de l’APN, Larbi Ould Khelifa, afin qu’il procède au renouvellement des instances de l’APN. Cela, dans le but, assurent-ils, d’évacuer les «intrus» des postes de responsabilité. Le chef du groupe parlementaire, Mohamed Djemaï, semble le premier ciblé par ce nouveau vent de contestation qui souffle sur l’Assemblée populaire nationale. Adoubé par Amar Saïdani, ce dernier ne fait nullement l’unanimité au sein du groupe parlementaire du FLN, composé de 216 députés.
Cette contestation au sein de l’APN est symptomatique d’un parti qui s’enfonce dans une crise interne qui perdure depuis des années, mais qui est accentuée par la cooptation d’Amar Saïdani à la tête du FLN. De plus en plus de voix, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur du parti, réclament le départ d’Amar Saïdani et le renouvellement en urgence des instances dirigeantes de cette formation politique. De la lettre des 14 figures historiques en passant par le retrait de confiance annoncé par plusieurs mouhafadhas du FLN, les rangs des contestataires ne cessent d’enfler. On conteste même des agissements étranges de certaines figures pourtant réputées être proches du SG. C’est le cas du très médiatique Baha-Eddine Tliba, premier vice-président de l’APN, qui redouble d’activité dans la wilaya d’Annaba où il multiplie les réunions avec non seulement les cadres locaux du parti, mais aussi avec des membres du comité central, du bureau politique et du gouvernement, comme nous l’avions rapporté dans un précédent article.
L’objet de ces réunions, selon des indiscrétions, c’est l’avenir du FLN et le sort à réserver à Amar Saïdani, lequel n’est d’ailleurs toujours pas revenu de son long congé à l’étranger. Ce député, qui a commencé sa carrière politique au sein du Front national démocratique, a rejoint les rangs du FLN à l’époque d’Abdelaziz Belkhadem. Et, depuis, il ne cesse de gagner en influence au sein de l’ex-parti unique. Grand manœuvrier aux méthodes peu orthodoxes, Baha-Eddine Tliba travaille déjà à l’APN pour destituer l’actuel président de la même famille politique, à savoir Larbi Ould Khelifa, qui est «trop mou» à ses yeux. Les réunions que Tliba a convoquées depuis quelques semaines à El-Hadjar, dans la wilaya d’Annaba, regroupent tous les cadres du parti, sauf ceux qui sont considérés comme «très proches» d’Amar Saïdani, à l’instar d’Ahmed Boumehdi et Hocine Khaldoune. Si Baha-Eddine Tliba n’associe pas les différentes factions anti-Saïdani, c’est parce qu’il possède visiblement son propre plan de «redressement» qui obéit en toute évidence à ses ambitions. Le groupe d’Abderrahmane Belayat reprend, lui aussi, les sorties de mobilisation de la base contre la direction actuelle et en faveur du «redressement du FLN».
Au Conseil de la nation, Amar Saïdani fait face également à une fronde conduite par le sénateur Boualem Djaffar, qui a mobilisé ses «troupes» à Bordj Bou-Arréridj où une trentaine de kasmas ont déclaré publiquement leur opposition à la direction actuelle. C’est dire que rien ne va plus au sein de l’ex-parti unique. La contestation semble avoir été attisée par la décision «unilatérale» prise par Amar Saïdani de faire une évaluation des «élus» en prévision des prochaines échéances électorales. Cette décision a été considérée par une large partie des élus FLN, aussi bien au niveau national qu’au niveau local, comme un moyen de pression et surtout d’élimination des figures de proue du parti qui lui tiennent tête. La réponse de ses détracteurs semble ainsi être «massive».
Sonia Baker
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