Gabon : 27 leaders de l’opposition «séquestrés»
Deux hommes sont morts dans la nuit de jeudi à vendredi dans un quartier de Libreville, à la suite d’affrontements avec les forces de sécurité. Il s’agit d’un étudiant en droit de 27 ans, mort des suites de ses blessures, et d’un homme de 28 ans tué par balles. La veille, le camp des opposants déploraient déjà trois morts et plusieurs blessés.
Le centre de Libreville, la capitale gabonaise, était quadrillé jeudi par les forces de l’ordre, notamment aux abords de l’Assemblée nationale, incendiée mercredi. Les grands axes étaient dévastés, bordés de bâtiments incendiés et jonchés de restes de barricades, stigmates des violences entre manifestants et forces de l’ordre. La pénurie de pain menace à Libreville et les autres villes du pays, tout comme celle de produits frais, les transports étant paralysés. Une situation aggravée par les pillages massifs de commerces.
Vendredi, vingt-sept leaders de l’opposition et de la société civile gabonaise étaient tioujoiurs retenus au quartier général de Jean Ping. Parmi elles, l’ancien vice-président de la République Didjob Ding Duvungui ou encore Zacharie Myboto, ancien ministre d’Omar Bongo, le père d’Ali Bongo. Ce dernier a affirmé jeudi n’avoir reçu ni nourriture ni médicaments depuis jeudi matin. «Nous avons dormi à même le sol, avec les moustiques et le crépitement des armes dans la quartier», a expliqué Paul-Marie Gondjout, le représentant de Jean Ping à la commission électorale. Les «27» ont lancé, par l’entremise de leur avocat en France, un appel à la communauté internationale dénonçant «leurs conditions de séquestration» et «le hold-up électoral» commis par le régime. L’opposant Jean Ping a, de son côté, trouvé refuge dans un endroit indéterminé.
Sur Europe 1, Jean Ping a appelé la France à venir en aide au Gabon. «La France est intervenue ailleurs, en Centrafrique pour éviter une guerre civile et un bain de sang. Elle pourrait beaucoup plus facilement (…) éviter une situation comme ça au Gabon, en appelant notre tyran à la raison, à accepter la volonté des urnes», a estimé le candidat vaincu. «Vous voyez un président qui vient bombarder son peuple, la nuit, par hélicoptère, et qui vient raser un quartier général. Il a arrêté tout le monde, partout», a-t-il détaillé.
R. I.