Sabotage d’un manuel scolaire : nouveau complot islamiste contre Nouria Benghebrit ?
La célérité avec laquelle le chef de file des islamistes en Algérie, Abderrezak Mokri, a réagi à l’annonce du retrait d’un manuel scolaire par le ministère de l’Education nationale suite à une grossière erreur «glissée» à l’imprimerie fait peser des doutes sur l’existence d’un énième complot contre Mme Nouria Benghebrit, après deux tentatives ratées en l’espace de quatre mois. Ainsi, après les fuites organisées des épreuves du baccalauréat de juin dernier, suivies des rumeurs tout aussi planifiées sur une éventuelle suppression de l’épreuve de l’éducation religieuse dans les prochains examens du baccalauréat, cette «bavure» tombe à point nommé pour les milieux islamo-conservateurs, hostiles à toute réforme du système éducatif, afin de relancer la campagne contre l’actuelle ministre, notamment à travers les réseaux sociaux. Surtout que le motif invoqué – ou supposé, parce que le ministère parle seulement d’une «erreur» commise par l’éditeur –, à savoir «le remplacement de la Palestine par Israël» sur une carte géographique, s’y prête à merveille.
Un bon filon pour ces islamistes qui, dans leurs discours de propagande, se montrent comme les pires ennemis de l’entité sioniste, mais ferment l’œil quand c’est leur parrain turc, Recep Teyyip Erdogan, qui annonce la normalisation des relations entre son pays et Israël. C’est pourquoi, politiquement, cette nouvelle polémique peut servir de tremplin à ces partis en mal de mots d’ordre mobilisateurs, durant cette période préélectorale.
Dans un texte posté sur sa page Facebook et aussitôt repris – pour marquer «l’urgence» et «la gravité» du sujet – par le site officiel de son parti, l’incorrigible chef du MSP estime que la décision prise par le ministère de l’Education de retirer le manuel de géographie destiné aux élèves de première année moyenne «confirme la pagaille totale» qui règne, selon lui, au sein des sphères décisionnelles sur les grands axes idéologiques de l’Etat. Du coup, il annonce la création d’une «commission spéciale», composée d’experts afin d’«examiner l’ensemble des manuels scolaires», pour présenter ensuite un rapport circonstancié «sur tous les aspects identitaires et pédagogiques», tout en assurant que cette commission collaborera avec toutes les instances et personnalités intéressées par la question, «pour faire face, dit-il, aux périls qui planent sur le système éducatif».
R. Mahmoudi
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