Kinshasa : au moins 31 morts lors de violences et de pillages
Au moins 31 personnes ont été tuées, lundi 19 septembre, dans des violences et pillages survenus à Kinshasa avant une manifestation hostile à Joseph Kabila, le président de la République démocratique du Congo. La manifestation a été annulée par les autorités congolaises après le début des débordements.
En faisant un premier bilan provisoire, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais a déclaré que «deux policiers ont été tués» dans l’attaque d’une permanence du parti présidentiel à Limete, au centre-ouest de la capitale de la République démocratique du Congo, raison pour laquelle «on a annulé la manifestation». Un peu plus tard dans la journée, le ministre de l’Intérieur, Évariste Boshab, est revenu sur ce premier bilan pour préciser que les émeutes avaient fait «17 morts» parmi les forces de l’ordre, «dont un policier brûlé vif» et «14 civils [tués] parmi les pillards».
Du côté de l’opposition, le porte-parole de l’Union pour la démocratie et le progrès social, Bruno Tshibala assure que «nous enregistrons plusieurs morts», affirmant avoir vu quatre cadavres « amenés au siège » d’une formation alliée.
Réuni autour d’Étienne Tshisekedi, le fondateur de l’UDPS, un «rassemblement» des principaux partis d’opposition a appelé à manifester lundi dans tout le Congo pour signifier au président Joseph Kabila son «préavis», trois mois avant l’expiration de son mandat, le 20 décembre. Ses opposants exigent également la convocation de la présidentielle avant cette date.
À Kinshasa, la manifestation devait commencer à 13 heures, mais plusieurs heurts ont opposé des jeunes armés de pierres à la police antiémeute dans la matinée à Limete, quartier où l’UDPS a son siège. Très véhéments, des groupes de quelques dizaines à plusieurs centaines de jeunes ont affronté des policiers antiémeutes en lançant en français ou en lingala des «Kabila akende» (Kabila dégage !) ou «Kabila doit partir». À Limete et près du Palais du peuple, la police a répliqué aux jets de pierre à coup de grenades lacrymogènes.
Selon des sources de sécurité privées, il y a eu quelques pillages épars dans des quartiers sud de la capitale ayant visé des agences bancaires ou des magasins tenus par des Chinois. De source diplomatique, on signalait des échauffourées en «divers endroits» dans ces zones. Les autorités ont dénoncé plusieurs pillages et incendies criminels ayant visé des permanences de formations politiques de la majorité. «Il y a eu des pillages ciblés, il y a des gens qui se sont préparés pour faire tout ce désordre», a déclaré Lambert Mende, accusant l’UDPS, principal parti de l’opposition, d’être à l’origine de la violence.
Le calme semblait revenir en milieu d’après-midi, mais la capitale avait tout d’une ville morte. Dans plusieurs quartiers, les écoles étaient désertées par les élèves, les parents préférant les garder à la maison. De nombreuses boutiques étaient fermées, la circulation était presque inexistante. Une atmosphère semblable régnait à Lubumbashi, la deuxième ville du pays, dans le sud-est, où des soldats sont venus renforcer en masse la police autour des principaux bâtiments publics et dans les quartiers réputés acquis à l’opposition.
Lors de ces événements, un photographe de l’AFP et une journaliste de RFI qui couvraient les manifestations ont été interpellés par la police militaire. Les autorités congolaises ont assuré qu’ils seraient libérés rapidement, mais les deux reporters n’avaient pas recouvré leur liberté à 15 h 30.
R. I.