Réfugiés : Amnesty accuse l’UE de conclure des «accords douteux»
«L’UE cherche à conclure des accords douteux pour limiter l’afflux de réfugiés et de migrants, notamment avec la Libye et le Soudan», alerte l’ONG Amnesty International. «Les réfugiés sont victimes de nombreuses violences dans les centres de détention pour migrants, où ils sont incarcérés illégalement, sans pouvoir consulter un avocat, après avoir été interceptés par des garde-côtes libyens ou arrêtés par des groupes armés ou des agents des forces de sécurité», s’inquiète cette ONG qui dénonce «les méthodes utilisées par les forces de sécurité soudanaises pour contrôler l’immigration» donnant lieu à «des atteintes aux droits humains au Darfour». Par ailleurs, Amnesty International, qui parle d’une situation «désastreuse» des réfugiés dans le monde, pointe un doigt accusateur en direction des «pays riches» qui «font preuve d’une totale absence de volonté politique et de responsabilité en laissant seulement 10 pays, qui représentent moins de 2,5% du PIB mondial, accueillir 56% des réfugiés de la planète, a déclaré Amnesty International dans une analyse exhaustive de la crise des réfugiés rendue publique mardi 4 octobre 2016».
Dans son dernier rapport intitulé Tackling the global refugee crisis: From shirking to sharing responsibility, Amnesty International décrit la situation précaire dans laquelle se trouvent une grande partie des 21 millions de réfugiés à travers le monde. Tandis que beaucoup en Grèce, en Irak, sur l’île de Nauru ou aux frontières syriennes et jordaniennes attendent désespérément un toit, d’autres au Kenya ou au Pakistan sont de plus en plus harcelés par les autorités. L’ONG propose une solution fondée sur un système utilisant des critères pertinents et objectifs pour déterminer la juste part que chaque Etat devrait assumer afin de trouver un toit à 10% des réfugiés chaque année dans le monde.
«Seulement 10 pays sur les 193 que compte la planète accueillent à eux seuls plus de la moitié des réfugiés. Ces quelques pays sont obligés d’assumer une responsabilité beaucoup trop lourde simplement parce qu’ils sont voisins d’un pays en crise. Cette situation est par nature intenable, et expose les millions de personnes qui fuient la guerre et les persécutions dans des pays comme la Syrie, le Soudan du Sud, l’Afghanistan et l’Irak à une misère et des souffrances intolérables», a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.
«Il est temps que nos dirigeants engagent un débat sérieux et constructif sur la manière dont nos sociétés vont aider les populations qui sont chassées de chez elles par la guerre et les persécutions. Ils doivent expliquer pourquoi le monde peut renflouer des banques, développer de nouvelles technologies et mener des guerres, mais est incapable de trouver un logement sûr à 21 millions de réfugiés – soit seulement 0,3 % de la population mondiale, a-t-il ajouté.
«Il est possible, selon Salil Shetty, si les Etats collaborent et partagent les responsabilités, de faire en sorte que ces personnes qui ont dû fuir leur foyer et leur pays pour des raisons indépendantes de leur volonté puissent reconstruire leur vie ailleurs en toute sécurité. Si nous ne faisons rien, ces gens vont mourir de noyade, de maladies qui auraient pu être évitées dans des camps ou des centres de détention aux conditions misérables, ou parce qu’ils auront été renvoyés de force dans les zones de conflit qu’ils fuyaient».
Lina S.
Comment (3)