15 000 sociétés ont fait faillite en trois ans : le Maroc au bord du gouffre
Il y a de plus en plus d’entreprises marocaines qui mettent la clé sous le paillasson dans un contexte de crise sans précédent. Selon l’agence Inforisque, citée par un journal électronique marocain, 15 000 sociétés exerçant dans ce pays ont fermé durant ces trois dernières années à cause d’énormes difficultés financières. Parmi ces entreprises qui ont déclaré faillite, il y a Samir ou Société anonyme marocaine de l’industrie du raffinage, spécialisée dans le raffinage des produits pétroliers. Privatisée en 1997 et contrôlée par le groupe suédo-saoudien Corral Petroleum Holding appartenant au milliardaire saoudien Mohammed Al-Amoudi, un ami du roi Mohammed VI, la seule raffinerie du pays a été liquidée en 2015. Le milliardaire saoudien n’avait pas voulu lui injecter 1,5 milliard de dollars pour la relancer. La société Samir illustre le climat économique délétère qui règne au Maroc, un pays qui se «vante» d’avoir réussi à diversifier ses ressources financières en développant son économie.
Mais la réalité ne correspond nullement à cette image idyllique d’un Maroc qui connaît un dynamisme économique et qui attire beaucoup d’investissements étrangers qui lui permettraient d’accéder au statut d’un pays émergent. Ployant sous le fardeau d’une dette extérieure insoutenable (30 milliards de dollars), le Maroc voit «ses» entreprises, fruit d’association avec des pays «amis», disparaître les unes après les autres sans aucune possibilité de les recapitaliser ou de les vendre. Cette situation est le résultat d’un climat d’affaires peu favorable à l’investissement. D’ailleurs, selon le même support électronique marocain, les demandes de crédits pour investissement ont énormément reculé pour se situer à 2,2%. Un signe d’une économie en berne et d’un pays peu fiable pour diverses raisons.
La société d’assurance-crédit internationale Euler Hermes avait déjà brossé un tableau noir de la situation économique du Maroc, qui se distingue par les défaillances de sociétés en augmentation de 15% en 2015 et de 10% supplémentaires en 2016. Les secteurs les plus affectés sont le bâtiment et le BTP. La première contrainte à l’investissement au Maroc, c’est la nécessité de passer par des officines du palais royal. La monarchie possède d’ailleurs des actions dans presque toutes les sociétés, multinationales et autres, installées au Maroc.
Grâce à un réseau d’affairistes transnational, le roi Mohammed VI a réussi en une décennie à transformer le Maroc en une véritable machine à cash. A travers la holding royale (ONA), il met en place ses propres entreprises qui se trouvent aujourd’hui en situation de monopole ou de quasi-monopole. Mohammed VI est ainsi actionnaire dans presque toutes les entreprises installées au Maroc. D’Axa à Danone en passant par Renault et Auchan, le roi règne sur les marchés de l’assurance, les télécoms, l’agroalimentaire, l’immobilier, l’énergie et la distribution. Cela pendant que les Marocains souffrent de la crise économique qui secoue leur pays.
Sonia Baker
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