Une contribution du Dr Arab Kennouche – Saïdani se met aux ordres des revanchards de l’Algérie française
La sortie tonitruante de l’actuel secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, ne doit tromper personne sur les véritables intentions des commanditaires de ces déclarations irresponsables, puériles et dangereuses de ceux qui tirent les ficelles actuellement à El-Mouradia. Pleines de fiel et d’intentions malveillantes à l’égard de l’Algérie tout entière, elles ne s’inscrivent dans aucun cadre intellectuel, légal ou éthique, qui puisse rendre service à la nation en butte à des problèmes majeurs d’ordre politique et économique. Car, dans les annales de science politique, et même dans ce que le jeu politique compte de plus pervers et machiavélique, il ne s’est jamais vu autant d’improvisation infantile et inexperte de la part d’un personnel politique qui, normalement, à ce niveau de responsabilité, devrait mesurer le poids et la portée de ses déclarations, qui plus est, à l’endroit de responsables sécuritaires dont le rôle fut vital pour l’Algérie. Après une première sortie télécommandée, qui avait valu une réprimande et un rappel à l’ordre, certes tardif de la part du président de la République, le SG du FLN récidive en toute conscience, dans une deuxième salve aussi meurtrière que la première.
Cette récidive, sans réaction de la Présidence, ne peut que conduire à l’interprétation d’une opération de lynchage organisée en vue d’influer sur les prochaines convocations électorales du peuple algérien. Qu’un secrétaire général de parti, largement contesté, s’en prenne aux grands responsables de la sécurité nationale de la sorte ne peut se mettre sur le compte de l’inconscience ou d’un simple dérapage contrôlé, mais bel et bien d’une stratégie planifiée de l’étranger dont les appuis semblent puissants et indéfectibles au niveau du sérail politique en place actuellement. On peut d’ores et déjà établir trois niveaux de lecture à partir des propos incendiaires tenus par la coqueluche éfélénisée de la Présidence.
La présidentielle de 2019 semble pliée
En portant des accusations mensongères destinées à «alerter» outrageusement le peuple algérien, Saïdani vise la corde émotionnelle de la nation par un discrédit majeur sur toute forme d’opposition politique à venir : ceux qui ont sauvé le pays, dont le général Toufik, ne pourront donc, par des voies légales, se présenter à des élections, car ils seraient la main de l’étranger en Algérie. On relèvera l’absurdité des propos de Saïdani à l’encontre de moudjahidine qui, souvent, malheureusement, tombent dans le piège d’une ultime justification à fournir devant le peuple algérien. Il semble évident que la Présidence actuelle, après les déclarations de Saïdani, ne soit pas en mesure de participer équitablement aux futures élections, alors même qu’elle avait proclamé l’ère de l’Etat civil. Les propos de Saïdani font donc écho au coup de force du quatrième mandat, muselant toute forme d’alternative politique à l’actuel locataire d’El-Mouradia.
En ratissant large, dans l’insulte et la diffamation, le lévrier du cinquième mandat prévient le peuple algérien qu’il n’y aura de place pour personne en 2019, sinon dans la continuité du bouteflikisme. Les thuriféraires de l’Etat civil viennent donc de délimiter le champ de leur future démocratie fumeuse, en menant une fausse chasse aux sorcières de tout ce qui s’élèverait contre le successeur de Bouteflika, sous le prétexte fallacieux d’un déficit patriotique. En ce sens, les propos de Saïdani ont tué la démocratie et les élections de 2019. Mais pour ce faire, il faut absolument porter les derniers coups de boutoir sur les derniers remparts de l’antibouteflikisme, et ce, quitte à enflammer l’ANP et le DRS.
Le général Tartag dans le collimateur
La sortie de Saïdani vient également à point nommé pour signifier au général Tartag, ex-bras droit du général Toufik, que sa mission est presque terminée. En effet, le dessein de la Présidence semble tout tracé pour en finir avec l’héritage du DRS et de sa politique éradicatrice contre les éléments les plus déterminés du terrorisme islamiste et qui avait permis à l’Algérie d’éviter le sort que connaissent actuellement la Syrie et la Libye. On ne peut effectivement éviter de penser que, par ricochet, l’actuel chef des renseignements algériens soit sur la sellette, malgré son immense expérience et son rôle fondamental dans la préservation de l’unité nationale. Les pièces du puzzle bouteflikien ne pourraient s’assembler convenablement que si les verrous essentiels de la sécurité nationale qui s’étaient opposés au quatrième mandat, ouvertement ou non, sautent définitivement, afin de paver le chemin à des personnages beaucoup plus malléables et soumis à l’organigramme de la nouvelle sécurité nationale née de la dissolution de l’ex-DRS.
La récidive de Saïdani semble donc coller parfaitement avec un plan de dissolution définitive des derniers carrés de la résistance antiislamiste, dans une deuxième phase cruciale d’accaparement et de changement de doctrine de sécurité nationale, à tous les niveaux idéologiques et géopolitiques actuellement en vigueur. Il n’est pas, en effet, anodin que le général Toufik, pourtant à la retraite, soit l’objet d’une campagne ordurière sans que l’on y voie une volonté de la part de la Présidence d’en finir avec les résidus de l’éradication, et ce dans un contexte de remontée de l’islamisme politique. A ce titre, Saïdani emploie des moyens complètement ahurissants, mais qui doivent être jaugés à l’aune d’un vaste plan de reconquête de l’Algérie, ce qui par conséquent n’exclut pas le soutien fondamental d’officines étrangères, que l’actuel SG du FLN semble dénoncer, presque comme un hiatus révélateur.
Le rôle de la France
On ne peut évidemment s’empêcher de poser quelques questions sur la façon dont Saïdani a invité la France dans cette précampagne électorale qui, sur les deux rives de la Méditerranée, comporte des enjeux risqués dans le contexte géopolitique actuel. A l’en croire, le SG du FLN serait l’unique moudjahid restant de la guerre de Libération. L’irresponsabilité de Saïdani tient au fait qu’il rejoue l’une des partitions favorites de l’armée coloniale française, la bleuite de la suspicion généralisée contre les forces vives de la nation et de l’ANP. En se faisant le porte-parole d’une nouvelle campagne psychologique dont on connaît désormais les tenants et les aboutissants, l’actuel SG du FLN se met aux ordres des politicards français les plus revanchards de l’Algérie française. Ses accusations n’ont valu pour l’instant aucune remontrance sévère de la part du sérail politique, ce qui en dit long sur la signification des longs séjours parisiens de Saïdani.
En tout état de cause, c’est également le FLN qu’il dirige la première victime de cette campagne anti-algérienne et antinationaliste que seul un pays comme la France semble pouvoir mener à travers des personnages prêts à tout sacrifier pour un retour néocolonial, teinté d’islamisme et d’affairisme, s’il en faut.
Dr Arab Kennouche
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