Yacef Saâdi à Algeriepatriotique : «J’érigerai avec des amis une statue à la mémoire du chahid Mahmoud Bouhamidi»
C’est un ancien chef de la Zone autonome historique d’Alger en colère qui nous a reçus chez lui, après avoir lu le témoignage des sœurs du chahid Mahmoud Bouhamidi dans Algeriepatriotique. Yacef Saâdi, qui rentre des Etats-Unis où il a animé une conférence sur la Bataille d’Alger dont le film est à l’honneur au Festival du cinéma à New York, n’a pas pu contenir son courroux mêlé à de la tristesse en parlant de la façon dont les autorités ont traité le chahid Mahmoud Bouhamidi, mort aux côtés de Hassiba Ben Bouali, Ali La Pointe et Omar Yacef le 8 octobre 1957, et dont la statue ne figure pas parmi celles de ces martyrs. Qualifiant cette omission de «trahison» envers l’un des «meilleurs soldats» algériens, Yacef Saâdi, qui précise que «ce jour-là, ils étaient quatre», avoue ne pas comprendre pourquoi les autorités ont occulté le chahid Bouhamidi dont le témoignage de ses sœurs, qu’il a lu dans Algeriepatriotique, l’a beaucoup ému.
Yacef Saâdi a fait savoir qu’il avait déjà réagi il y a plusieurs mois quand il avait découvert que le mémorial avait été élevé dans un lieu excentré – près du port d’Alger –, alors qu’il avait, lui-même, proposé qu’il soit construit tout près de l’endroit où les quatre héros sont morts en martyrs.
«Il est inconcevable que la statue à l’honneur de Bouhamidi ne figure pas parmi celles des trois compagnons d’armes alors qu’il est mort avec eux dans la même cache et a refusé comme eux de se rendre», s’insurge Yacef Saâdi. «Nous avons demandé aux autorités comment elles ont pu commettre une erreur aussi grave et leur avons signifié qu’elles ont oublié un des principaux héros de la Bataille d’Alger. Nous avons parlé au wali et au ministre des Moudjahidine et jusqu’au jour d’aujourd’hui, notre demande est restée sans suite», révèle-t-il, écœuré. «Comment peut-on occulter l’histoire de cette façon ? Comment peut-on oublier Mahmoud Bouhamidi qui, bien qu’adolescent, a été d’une fidélité et d’une efficacité exemplaires ?» s’est interrogé Yacef Saâdi. «Lorsque mes compagnons et moi avions trouvé refuge chez la famille Guemati, Mahmoud Bouhamidi ne m’a jamais quitté – sauf quand je l’envoyais en mission – jusqu’au jour où je fus capturé. Il était recherché par l’armée française et c’est pour cela qu’il se cachait avec les trois autres», témoigne l’ancien chef de la Zone autonome historique d’Alger.
Yacef Saâdi a, par ailleurs, relaté à Algeriepatriotique comment Mahmoud Bouhamidi a rallié ses éléments après avoir quitté la maison des Bouhired pour se réfugier chez Guemati, l’oncle de Mahmoud, au 4 rue Caton. Mahmoud Bouhamidi, qui dépassait le petit Omar de quelques années seulement, avait petit à petit pris le rôle de celui-ci, comme agent de liaison. «Afin de faire passer les tracts et les messages à travers les points de contrôle militaires, Mahmoud Bouhamidi a eu l’intelligence de les cacher sous les vêtements de sa petite sœur qui ne subissait jamais la fouille au corps».
Très affecté par ce qu’il considère être une insulte envers le chahid Mahmoud Bouhamidi, Yacef Saâdi, avec d’autres moudjahidine, se sont engagés à faire construire une stèle près de la cache où les quatre héros sont morts. «Ils y seront tous, cette fois-ci», a-t-il dit.
Mohamed El-Ghazi
Comment (25)