Les prix du pétrole reculent : l’AIE parle de rééquilibrage
Les prix du pétrole ont reculé au cours d’échanges européens aujourd’hui, après une envolée due à l’entente entre les pays membres de l’Opep et la Russie sur le gel de la production. En effet, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a perdu 27 cents à 52,87 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril WTI pour la même échéance a reculé de 27 cents à 51,08 dollars. La veille, le Brent avait atteint un plus haut en un an à 53,73 dollars, tandis que le WTI avait plafonné à 51,60 dollars, à son plus haut depuis quatre mois.
Cette légère baisse semble s’expliquer par les déclarations du patron du groupe pétrolier russe Rosneft mettant en doute le gel de la production par son pays. Lundi, lors du Congrès mondial de l’énergie qui s’est tenu à Istanbul, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré que son pays était prêt à se joindre à une limitation mondiale de la production de pétrole. Ce qui a renforcé le dynamisme du marché pétrolier, entamé au lendemain de l’accord des pays de l’Opep sur la réduction de production conclu le 28 septembre dernier à Alger. Mais les doutes s’accentuent depuis que le dirigeant de Rosneft, qui produit 40% du pétrole russe, a affirmé qu’il n’accepterait pas de geler ou de faire reculer sa production.
Ainsi, les marchés s’interrogent sur la position des autres grands producteurs mondiaux. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) reste optimiste en estimant que le marché pétrolier pourrait contenir l’offre excédentaire plus rapidement si l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) concrétisait sa décision prise à Alger de réduire sa production. «Malgré de timides signes que les stocks débordants commencent à se replier, notre prévision offre-demande montre que le marché – s’il est laissé à lui-même – pourrait rester excédentaire durant la première moitié de l’an prochain», a souligné l’AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole.
Mais «si l’Opep respectait son nouvel objectif, le rééquilibrage du marché pourrait intervenir plus rapidement». En septembre, l’organisation composée de 14 pays a pompé au niveau record de 33,64 mbj, soit 160 000 barils par jour de plus par rapport à août, mais surtout un bond de 910 000 bj sur un an, d’après les chiffres de l’agence. La production de l’Irak a atteint un plus haut avec 4,46 mbj tandis que celle de l’Iran s’est élevée à 3,67 mbj, «légèrement supérieure au niveau moyen de 2011, avant les sanctions internationales», a-t-elle souligné. En dehors de l’Opep, la Russie a ouvert à fond les robinets en septembre et a permis d’augmenter de près de 0,5 mbj la production des pays n’appartenant pas à l’organisation par rapport à août, à 56,6 mbj. Sur un an, l’offre est par contre en retrait de 0,9 mbj en raison du ralentissement observé aux Etats-Unis et en Chine. En tout, la production mondiale a atteint 97,2 mbj en septembre, en hausse de 600 000 bj sur un mois et de 200 000 bj par rapport à la même période un an plus tôt. Quant à la demande mondiale d’or noir, sa croissance devrait être un peu plus faible qu’anticipé précédemment en 2016 : l’AIE a abaissé sa prévision de hausse pour cette année de 1,3 à 1,24 mbj, à 96,3 mbj.
Le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleha, avait estimé lundi qu’un baril de brut à 60 dollars était envisageable d’ici la fin de l’année, tout en avertissant contre une baisse drastique de la production susceptible de provoquer un choc sur les marchés. «Nous voyons une convergence de l’offre et de la demande. Il n’est pas impensable qu’on arrive à (un baril) à 60 dollars d’ici la fin de l’année», a déclaré al-Faleh, lors d’une allocution au Congrès mondial de l’Energie à Istanbul. «Ce n’est pas le prix que je regarde, mais plutôt l’offre et la demande», a-t-il ajouté.
Les prix pétroliers se sont redressés depuis la décision de l’Opep de ramener sa production à un niveau de 32,5 à 33 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août. Ce redressement devrait être consolidé lors de la réunion formelle de l’Opep prévue en novembre prochain à Vienne. Une réunion qui sera déterminante pour l’avenir du marché pétrolier.
Hani Abdi
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