Macky Sall tente de duper l’Algérie
Par Diaspora Saharaui – Le président sénégalais tente de duper l’Algérie dans la but de faire passer son candidat à la présidence de la Commission africaine dont les élections auront lieu au mois de janvier 2017. Le Sénégal mise sur ce poste pour mieux défendre la position du Maroc au niveau de l’Union africaine en donnant plus de poids à certains pays francophones dont les positions sur le Sahara Occidental sont imposées par la France.
En effet, selon un rapport confidentiel de la diplomatie marocaine, Rabat s’inquiète du «faible poids sur l’échiquier africain des pays francophones qui composent le socle des soutiens du Maroc et qui se reflète par le niveau de moins en moins important de leur influence sur la scène africaine et au sein de l’UA». Rabat reproche à ce groupe – conduit par Dakar – de «faire montre d’une certaine mollesse, de timidité, voire même d’une certaine indifférence pour défendre ses points de vue». Le rapport met en garde, dans ce sens, contre «la montée en puissance des pays anglophones qui composent le socle des soutiens du clan hostile à [notre pays] et qui se traduit par le leadership et l’influence prépondérants qu’ils exercent sur l’agenda africain».
En panne de projet, Macky Sall fait dans la flatterie. «Nous connaissons le rôle de l’Algérie en Afrique, son poids et sa relation avec les pays du continent», a-t-il déclaré à la presse à l’issue de son entretien avec le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, en marge du sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité maritime et le développement en Afrique, tenu à Lomé samedi dernier. «J’ai dit à mon frère et ami Abdelmalek Sellal qu’il y a, par moments, dans les couloirs et dans certaines situations, des malentendus qu’il faut lever», a encore soutenu le chef de l’Etat sénégalais, soulignant que l’Algérie et le Sénégal «peuvent gérer» leurs positions de façon à ce que la coopération entre les deux Etats soit «au bénéfice des deux peuples».
L’objectif du Sénégal est d’arriver à faire croire aux Algériens que le Sénégal met sur la même balance ses relations avec le Maroc et l’Algérie et qu’il refuse qu’elles soient parasitées par le Maroc. Est-ce que ces déclarations peuvent être considérées comme un geste de bonne volonté dont ferait preuve le Président sénégalais envers l’Algérie et le peuple du Sahara Occidental ? Rien n’est moins sûr, si l’on tient compte des dernières déclarations du chef de la diplomatie sénégalaise, Mankeur Ndiaye, sur les relations stratégiques du Sénégal. «Nous avons des piliers fondamentaux qui fondent la stabilité du Sénégal. Demain, tout chef d’Etat qui remettra en cause ces piliers mettra ce pays en péril», prévient-il. Il s’agit de la France, des Etats-Unis, du Maroc et de l’Arabie Saoudite, avait-il précisé sans aucune réserve diplomatique et sous l’effet maléfique de l’argent qu’il empoche de Rabat pour tenir ce genre de discours.
Non seulement Macky Sall ment, mais il fait aussi dans la tromperie. Il y a moins de trois mois, le Président sénégalais avait déclaré au magazine de la «Françafrique», Jeune Afrique, qu’il avait soumis au président en exercice de l’Union africaine, le Tchadien Idriss Déby, une liste de 28 pays africains demandant la suspension de la RASD en tant que membre de l’organisation panafricaine.
Dans un courriel envoyé le 16 août 2016, Ouali Tagma, le directeur du département de l’Afrique du ministère qui vient d’être nommé ambassadeur du Maroc au Nigeria, pleurait le départ de Bachir Sene d’Addis Abeba. Il venait de quitter la capitale éthiopienne après avoir été nommé ambassadeur à Genève. «Pour nous, il s’agit d’une très grosse perte. De là à y voir une mesure inspirée par les adversaires, c’est plausible. Addis est maintenant vraiment vide», se plaignait-il. Ce commentaire de la part du «Monsieur Afrique» du Maroc prouve que les «relations stratégiques» dont avait parlé le ministre des Affaires étrangères ne sont en réalité que des relations personnelles basées sur le soudoiement et l’achat de consciences.
Dans un autre courriel envoyé en juillet 2014, Tagma qualifiait le Sénégal de «poste hautement stratégique» pour lequel il faut un «diplomate chevronné ou un politique avec une grande capacité de contact et de représentation». «L’ambassadeur du Maroc est aussi important que l’ambassadeur de France», avait-il affirmé.
Pour rappel, le hacker Chris Coleman avait mis à la disposition du public des lettres envoyées par l’ambassadeur du Maroc à Dakar, dans lesquelles il signalait la demande et la réception de la part de Mankeur Ndiaye de la somme de 8 millions de francs CFA censée servir à payer trois billets pour le pèlerinage. Une transaction qui est devenue habituelle entre Ndiaye et le Makhzen.
D. S.
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