Le Maroc a son Bouazizi : les Marocains vont-ils en finir avec l’imposture royale ?
Les manifestations qui ont secoué la ville d’Al-Hoceima et d’autres localités du Maroc sont-elles annonciatrices d’un réveil du peuple marocain écrasé par le poids étouffant d’une monarchie prédatrice ? C’est ce que les événements poussent à croire. Spontanée, la protestation de la population à Al-Hoceima, une ville située dans le Nord-est du Maroc, rappelle, en de nombreux points, celle menée des mois durant par les jeunes du mouvement du 20 février 2011 qui ont réclamé la chute de la monarchie et un Maroc plus égalitaire. Vendredi soir, nombreuses étaient les personnes ayant, en effet, scandé des slogans anti-monarchie après la mort dans des conditions atroces de Mohcine Fikri, un jeune vendeur de poissons.
Mohcine Fikri a été écrasé par le compresseur d’un camion benne à ordures ménagères. Au chômage depuis plusieurs années et issu d’un quartier défavorisé de la ville côtière marocaine, il s’était jeté dans cette benne pour récupérer la marchandise que la police venait de lui jeter. Aux yeux de la population d’Al-Hoceima, la monarchie est coupable d’avoir bradé, pour une bouchée de pain, le pays aux Occidentaux et réduit les Marocains à la mendicité et à l’esclavage.
Ce matin encore, nous sources affirment que la colère de la population n’est pas retombée malgré l’annonce par la police de l’ouverture d’une enquête sur le drame. Le jeune Mohcine pourrait bien être le Bouazizi du Maroc qui fera rouler la tête du roi Mohammed VI dans les rues de Rabat. L’immense pauvreté et la misère sociale qui caractérisent Al-Hoceima n’est pas un fait isolé. En dehors de quelques grandes villes, la majorité des localités marocaines vivent dans un total dénouement. Une enquête intitulée «Le Maroc pétrifié par son roi», publiée le mois dernier par le Monde diplomatique et signée par Pierre Daum, montre que le Maroc s’est considérablement appauvri et qu’il s’est même transformé en un terrible goulag. Les opposants n’y ont pas le droit à la parole. Pis, ils sont pourchassés et torturés.
Face à cette image sordide, Mohammed VI s’est accaparé du gros des richesses du pays. C’est la raison pour laquelle des centaines de milliers de Mohcine sont aujourd’hui prêts à risquer leur vie pour laver l’affront qui leur est fait par la monarchie marocaine. Le Maroc est même bouillonnant de colère. Nos sources affirment que plusieurs localités courroucées par le drame préparent des actions que les autorités marocaines n’oublieront pas de si tôt. La colère est d’autant plus grande que la grande majorité de la population marocaine considère comme une énorme duperie les réformes menées par le Makhzen au lendemain du mouvement de contestation du 20 février qui avait fait vaciller les fondements de la monarchie marocaine.
Au lieu de leur offrir un pays plus juste et plus ouvert, Mohammed VI à, au contraire, ramassé davantage les pouvoirs. Il est aujourd’hui à la tête d’un véritable gouvernement parallèle qui fait du chef du gouvernement un vulgaire pantin juste bon à égayer la vitrine faussement démocratique du Maroc. Plutôt que réfléchir au moyen de sortir son peuple de la misère, le roi préfère sillonner le monde et se prélasser dans les plus belles plages de la planète. Au moment où, par une nuit sans étoile, le pauvre Mohcine se faisait broyer les os par un camion benne à ordures, le roi du Maroc et sa smala goutaient aux délices exotiques de la côte tanzanienne.
Khider Cherif
Comment (160)