Grèves et dialogue de sourds : qui veut le pourrissement ?
Les observateurs constatent qu’au moment où les entreprises de transport public, urbain et suburbain, manquent de bus, comme l’Etusa, ou roulent avec des cars déglingués, dans le secteur privé, avec les risques d’accidents, la SNVI qui en fabriquait n’en sort presque plus. Pourquoi ? La demande existe, les capacités nationales de la satisfaire sont à Rouiba, les travailleurs concernés sont prêts à répondre à la commande, à condition, bien sûr, que celle-ci soit formulée, et en attendant, ils protestent contre cette forme d’abandon d’un fleuron national de l’industrie et observent une grève qui est partie pour durer et même s’étendre, si les ingrédients sont réunis.
Car, en guise de réponse, c’est le silence de la part de leur direction générale, et les travailleurs trouvent légitime de se poser des questions sur «ce qui se trame» derrière le pourrissement dans ce complexe. Ils craignent pour leur avenir et les rumeurs à propos de mesures d’austérité décidées par le gouvernement ne sont pas pour les rassurer. Ils se disent convaincus qu’elles les toucheront de plein fouet, en dépit des déclarations du ministre des Finances, jeudi en marge de la séance du Sénat, affirmant que les dépenses sociales sont maintenues dans la loi de finances pour 2017.
L’UGTA, qui apparaît de plus en plus comme un syndicat «officiel» dépendant du pouvoir, perd du terrain et le peu de représentativité que lui garantissaient les mesures destinées à la paix sociale prises par le gouvernement et dont elle prenait la paternité. La situation financière du pays ne permet plus cette couverture «sociale» à l’inaction de la Centrale de Sidi-Saïd.
L’intersyndicale qui veut s’imposer comme alternative à l’UGTA, a choisi, elle aussi, ce samedi pour faire le point et décider. Ce qui motive ses animateurs, c’est un cahier de revendications précises auxquelles les pouvoirs publics tardent à répondre. L’intersyndicale est encouragée par les résultats de sa dernière grève dans les secteurs de la Fonction publique – pourtant réputée difficile – attestés par la forte mobilisation des travailleurs et la volonté perceptible dans d’autres secteurs de rejoindre le mouvement de protestation.
Si le gouvernement persiste à refuser d’ouvrir un dialogue assez sérieux pour désamorcer la bombe sociale amorcée par la dégradation des conditions socioprofessionnelles d’une grande partie de la population, la répression, sous une forme ou une autre, ne fera qu’envenimer les choses dans un contexte qui porte des perspectives plutôt pessimistes.
Houari Achouri
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