Le système de subventions actuel est «intenable»
Le système actuel de subventions de l’Algérie est non seulement «intenable» mais connaît aussi une hausse en fonction de la croissance démographique au moment où les ressources pétrolières connaissent une baisse drastique, a avisé l’économiste Alexandre Kateb. L’Algérie «a un système de subvention qui est intenable, absorbant près de 50% des dépenses de fonctionnement. Il faut passer aujourd’hui à un système de subvention ciblée», a souligné Kateb lors d’une émission de la Radio nationale. Ces subventions et transferts sociaux représentent 15% du PIB, soit 30 milliards de dollars, a-t-il rappelé. Ce chiffre augmente en fonction de la croissance économique et démographique au moment où les ressources pétrolières connaissent une forte baisse, a-t-il relevé. A cet effet, il a prôné la rationalisation des dépenses et la nécessité de les rentabiliser, tout en appelant les citoyens à prendre conscience du caractère insoutenable de ces dépenses. «On est dans un pays avec un système social extrêmement généreux en volume. Il faut financer ce système de redistribution… L’Algérie est parmi les pays les moins performants en matière de rendement des dépenses d’équipement. L’impact étant faible sur le PIB», a-t-il argumenté. Dans ce sens, il a observé que certains projets prioritaires seraient maintenus tandis que d’autres seraient soit gelés, soit retardés. Toutefois, l’économiste a jugé «utiles» certaines dépenses, à l’instar de celles d’équipement et liées aux infrastructures qui ont un effet favorable sur l’économie nationale (routes, systèmes d’approvisionnement en eau potable…).
Abordant la réalisation des infrastructures programmées, il a préconisé le renforcement du partenariat public-privé afin d’offrir de nouvelles opportunités aux entreprises privées nationales et étrangères. En ce qui concerne le Forum d’affaires africain qui sera organisé en décembre prochain à Alger, Kateb a avancé que ce rendez-vous serait une occasion pour montrer que «l’Algérie est un hub d’exportations et d’investissements depuis l’Afrique et vers l’Afrique». A une question sur un éventuel endettement extérieur de l’Algérie, Kateb a estimé que cela «n’est pas un tabou» à partir du moment où les dettes financeraient des projets ciblés structurants qui permettent de développer la productivité.
S’agissant du nouveau modèle de croissance économique, il a soutenu qu’il consistait à faire évoluer graduellement l’investissement productif, à se substituer à l’importation et à libérer l’initiative. Quant à la politique budgétaire triennale 2017-2019 prévue pour la première fois à travers le projet de loi de finances 2017, il a expliqué qu’elle visait la consolidation des dépenses budgétaires en les fixant à un niveau global de 7 000 milliards de dinars pour les trois ans à venir, en introduisant une baisse des dépenses d’équipement correspondant à une rationalisation des dépenses.
R. E.
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