Nouria Hafsi à Algeriepatriotique : «Ouyahia n’a jamais été un homme de dialogue»
Nouria Hafsi, présidente de l’Union nationale des femmes algériennes et membre fondatrice du RND, revient dans cet entretien sur le mouvement des frondeurs et les menaces de sanctions proférées par Ahmed Ouayhia.
Algeriepatriotique : Vous faites partie des frondeurs du RND qui attendent d’être traduits devant le conseil de discipline. Comment expliquez-vous cette décision d’Ahmed Ouyahia ?
Nouria Hafsi : La décision prise par Ahmed Ouyahia de traduire quatre frondeurs, dont je fais partie, devant la commission de discipline ne fait que consolider notre position et confirmer notre constat selon lequel le parti s’éloigne de sa ligne fondatrice. Cette décision met à nu les méthodes staliniennes qu’utilise Ahmed Ouyahia pour éliminer ses adversaires et étouffer le moindre avis contraire. La volonté de sanctionner prouve que la direction du parti ne veut pas aller au fond du problème que nous posons. Un problème purement politique. Politique, parce que nous estimons qu’il est important qu’il y ait débat et d’être à l’écoute des militants dans un parti se disant démocratique. Cette décision est donc la preuve qu’Ouyahia empêche toute vie démocratique au sein du RND, refuse le débat et rejette la contradiction. C’est pour moi une vaine tentative d’intimidations qui n’a nullement entamé ma détermination, ni celle du groupe, à aller de l’avant pour redresser le parti qui est totalement dévié des principes pour lesquels il a été créé. Cette décision, qui ne fait pas grandir son auteur, reflète ainsi le vrai visage d’Ahmed Ouyahia, un homme autoritaire, allergique au dialogue et qui ne supporte pas l’adversité. Il a toujours utilisé les moyens de la sanction pour étouffer les voix discordantes. Ouyahia dirige le parti comme s’il est dans une administration, en recourant souvent à des méthodes révolues.
Avez-vous reçu une convocation de la commission de discipline ?
Pour le moment, non. Il faut savoir une chose : Ouyahia a chargé les commissions des wilayas respectives des frondeurs – Saïda pour moi – de nous sanctionner. Pour moi, cela me motive davantage et renforce ma conviction qu’on ne peut plus rester les bras croisés, ni se taire devant les multiples «dérapages » d’Ouyahia et de ses sbires. Cela ne va faire que stimuler notre action et resserrer les rangs des mécontents de la situation actuelle du RND qui sont nombreux. Des dizaines de cadres victimes de la purge opérée lors du dernier congrès, tenu en mai dernier, ne vont pas tarder à rejoindre notre mouvement. En écartant une bonne partie des membres du Conseil national hérité de Bensalah, Ouyahia a opéré, certes, un tour de vis. Mais il faut savoir que les nouveaux membres du Conseil national sont, dans leur majorité, dénués de toute base militante. Cela veut dire qu’Ouyahia s’appuie sur des gens qui n’ont aucun ancrage au sein du parti et qui sont incapables de mobiliser la base. C’est un avantage pour nous.
La base militante est donc avec vous…
La majorité de la base militante est marginalisée et déçue par ces pratiques d’une autre époque. Ce sont des militants en colère qui soutiennent aujourd’hui notre action. Nous avons d’ailleurs reçu beaucoup de messages de soutien et de solidarité. Nous irons dans les prochaines semaines vers la base militante afin de mieux structurer notre mouvement et de rendre notre action plus efficace. Nous allons tenir des réunions au niveau des wilayas avec les militants authentiques et sincères. Rien ne va nous arrêter. Car notre combat s’inscrit dans la durée. Nous ne sommes pas animés par un quelconque intérêt personnel. Nous ne cherchons pas des postes électifs ni autres car nous occupons déjà des postes importants. Nous nous battons pour un idéal et des convictions politiques, nous nous battons pour que le RND rayonne à nouveau sur la scène politique, pour qu’il y ait une vraie vie politique au sein du parti, pour qu’il y ait débat et dialogue, pour que le RND retrouve sa force de proposition, pour que le RND joue pleinement son rôle dans le renforcement des institutions de l’Etat, pour qu’il agisse et apporte des solutions à la crise qui secoue l’Algérie.
Vous croyez donc à une «victoire» face à Ouyahia, malgré avoir perdu les précédentes batailles…
Je crois en la justesse de notre combat. Je crois en les capacités de notre mouvement à cristalliser la colère de la base. Par la persévérance, nous finirons par gagner la confiance de tout le monde. Et je suis certaine, il y aura une grande adhésion. Nous avons avec nous déjà des anciens cadres du parti.
Mais Yahia Guidoum refuse d’adhérer à ce mouvement…
Il a sûrement ses raisons. Il ne faut surtout pas douter de son engagement, ni de sa volonté de redresser le parti.
Propos recueillis par Hani Abdi
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