Droits de la défense : la colère gagne à nouveau les avocats
Les robes noires se soulèvent à nouveau contre les atteintes multiples et répétées au droit de la défense. Cette fois-ci, le vent de la colère est parti de la ville de Béjaïa où le bâtonnat appelle à une grève de plusieurs jours pour dénoncer les «conditions intenables» dans lesquelles les avocats exercent leur métier. Régie par la loi 91-04 du 8 janvier 1991, la profession d’avocat «devient de plus en plus pénible en Algérie», s’inquiètent les avocats. La protestation des robes noires, qui commence ce lundi, n’est que le résultat d’un cumul de problèmes non traités et d’actes oppressifs contre les avocats qui évoluent, de l’avis de plusieurs d’entre eux, dans un milieu «très hostile». L’adoption d’un nouveau texte de loi le 2 juillet 2013 régissant la profession d’avocat avait soulevé la colère des professionnels de ce secteur. Des milliers d’avocats étaient sortis dans la rue pour protester contre ce texte de loi qui remettait en cause le droit de la défense et qui exposait l’avocat à toutes formes de sanctions et de représailles de la part de l’administration judiciaire.
Cette nouvelle loi «ne garantit pas le droit de la défense puisque l’avocat a été mis sous la tutelle du ministre de Justice», s’insurgent les robes noires. Ce qui est une remise en cause du principe universel selon lequel le métier d’avocat est une fonction libérale et indépendante. Les avocats de Béjaïa ainsi que leurs confrères inscrits aux quatorze autres bâtonnats du pays en souffrent quotidiennement. Si la protestation se limite pour le moment à Béjaïa, il est fort probable qu’il y ait propagation du mouvement tant «les problèmes, les difficultés et les mauvais traitements» dénoncés par les avocats de cette wilaya existent ailleurs.
Le recul que connaît actuellement le droit de la défense et les menaces que subissent les avocats constituent, aux yeux de nombreux observateurs, un signe de régression de la justice, en ce sens que la profession d’avocat jouissait de plus d’indépendance et de liberté avant l’adoption du nouveau texte de loi en 2013.
Sonia Baker
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