Révélations du Times : ce que Donald Trump compte faire au Moyen-Orient
Dans un article publié cette semaine dans le quotidien britannique The Times, l’écrivain Roger Boyes, spécialiste de la politique étrangère américaine, s’est dit persuadé que le successeur de Barack Obama, Donald Trump, va provoquer un bouleversement de l’échiquier politique du Moyen-Orient. Selon le rédacteur de cet article très commenté dans le monde arabe, le nouveau locataire de la Maison-Blanche devrait d’abord concentrer ses efforts sur le dossier du nucléaire iranien.
Tel qu’il se présente aujourd’hui, l’accord sur le nucléaire iranien – salué l’année dernière comme une victoire de l’efficacité de la diplomatie américaine et européenne – ne satisfait pas le camp républicain. Celui-ci le considère comme imprécis, vague et même dangereux. Aussi, Donald Trump devrait-il s’employer à le vider de sa substance ou carrément à le faire passer à la trappe s’il en a la possibilité.
Roger Boyes se montre pratiquement certain que l’Administration Trump multipliera les pressions contre les autorités iraniennes afin de les amener à faire de nouvelles concessions. Si cela ne marche pas, ajoute-t-il, les Etats-Unis pourraient même aller jusqu’à déclarer la guerre à Téhéran. Une chose est certaine, Donald Trump est bien décidé à effacer Obama et son héritage des tablettes diplomatiques américaines.
Bye bye les printemps arabes !
S’agissant de la crise syrienne, l’écrivain Roger Boyes a évoqué la possibilité d’une réhabilitation de Bachar Al-Assad, car, dit-il, Trump ne fait pas confiance à l’opposition syrienne. Si cette tendance se confirme, l’Arabie Saoudite et le Qatar pourront dire bye bye au printemps arabe qu’ils ont financé et soutenu militairement dans le but de renverser les régimes qui avaient refusé de jouer leur partition politique dans la région. Le nouveau président américain devrait, par ailleurs, travailler davantage avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, un personnage honni par l’Administration Obama.
En ce qui concerne l’Egypte, Roger Boyes est certain que Donald Trump se rapprochera aussi du président égyptien Abdelfettah Al-Sissi, duquel il attend qu’il en finira avec le terrorisme dans le Sinaï. L’écrivain journaliste du Times pense également que le nouveau locataire de la Maison-Blanche rétablira les ponts avec la Russie et le président Vladimir Poutine. De son point de vue, ce changement de cap est motivé par la volonté de Donald Trump et de son équipe de partager le fardeau de la lutte contre le terrorisme.
Fausses promesses et espoir de changement
Pour le nouveau président américain élu, l’Administration Obama ne s’est non seulement pas investie complètement dans la lutte contre le terrorisme, mais elle a aussi lamentablement échoué à mobiliser le soutien nécessaire pour mettre en place une coalition antiterroriste efficace. Ainsi, le Times pense que la politique de Trump au Moyen-Orient sera, dans une large mesure, «le contraire de celle suivie par le président sortant et qui est basée sur les fausses promesses de changement».
L’écrivain anglo-saxon soutient que la stratégie de Trump s’appuiera sur une coopération concrète avec la Russie. Le nouveau chef suprême de l’armée américaine comptera, semble-t-il, sur la force de frappe aérienne russe pour briser les reins du groupe terroriste autoproclamé Daech à Raqqa, en Syrie. Cependant, Roger Boyes pense qu’il n’est pas prudent de la part de Donald Trump de fonder toute sa stratégie régionale sur la Russie et son «dictateur» de Président.
Ce changement de cap a convaincu, selon l’auteur de l’article du Times consacré à la politique moyen-orientale de Donald Trump, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de se rendre le plus vite possible à Washington pour rencontrer le nouveau président américain et de convaincre celui-ci de reléguer au second plan la question palestinienne pour se concentrer en urgence sur l’Iran et son arsenal militaire. Il semblerait, cela n’étonne pas, que les pays du Golfe soutiennent la démarche israélienne. Ces mêmes micromonarchies considèrent également que l’Egypte, malgré le fait qu’elle soit un Etat policier, est une puissance qui peut être considérée comme un facteur d’équilibre dans la région.
Khider Cherif
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