Francophonie : l’Arabie Saoudite se fait éconduire de l’OIF
L’argent n’achète pas tout. C’est connu. L’Arabie Saoudite vient d’en faire l’amère expérience. Riayd, qui a l’habitude de dicter ses quatre volontés partout où elle se rend et de satisfaire ses caprices les plus fantaisistes quel qu’en soit le prix, a ainsi buté sur un os lors du 16e Sommet de la francophonie qui s’est tenu les 26 et 27 septembre à Antananarivo. Et cette fois, son carnet de chèques n’a pas été d’une grande utilité.
En se rendant sur l’île de Madagascar, les représentants du royaume wahhabite avaient pour mission de satisfaire une lubie qui, semble-t-il, tient particulièrement à cœur au roi Salman : celui de faire adhérer son pays à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ou à tout le moins lui obtenir le statut de membre associé. En réalité, cela fait au moins deux années que l’Arabie Saoudite frappe à la porte de l’OIF. Mais jusque-là sans succès.
Selon des échos du sommet, l’excentrique demande renouvelée de l’Arabie Saoudite a mis dans un embarras indescriptible les membres de l’organisation francophone, dans la mesure où celle-ci ne repose bien évidemment sur aucun argument recevable. Tout le monde sait que l’on ne parle pas du tout français en Arabie Saoudite. Par ailleurs, nombreux ont été les participants à avoir signalé dans les coulisses du sommet le fait que le royaume wahhabite ne partage rien des valeurs fondatrices prônées par l’OIF. Inutile de faire un dessin sur la question.
Afin d’éviter d’opposer un «non» catégorique à la demande saoudienne et donc de froisser le roi Salman, les membres de l’OIF ont donc décidé d’éconduire diplomatiquement l’Arabie Saoudite de leur organisation. Et cela en dépit du soutien manifesté par l’Egypte, le Sénégal, le Maroc, le Gabon, les Comores, Djibouti et le Bénin, qui ont tous défendu l’idée d’une admission immédiate. L’entourloupette trouvée pour faire comprendre aux Saoudiens qu’ils n’étaient pas à leur place à l’OIF a consisté à leur dire que «la candidature de l’Arabie Saoudite ne sera examinée que dans deux ans, lors du prochain sommet, car le dossier a été jugé incomplet». D’ici là, il a été décidé… d’envoyer une mission d’évaluation d’experts au royaume saoudien.
Si la demande saoudienne a été rejetée, ce n’est pas le cas de celles d’autres pays. Quatre nouveaux venus rejoignent l’OIF. Il s’agit de l’Ontario, de la Corée du Sud, de la Nouvelle-Calédonie et de l’Argentine. Les vingt chefs d’Etat et de gouvernement présents au Sommet de la francophonie d’Antananarivo ont désigné l’Arménie comme pays hôte du prochain sommet, qui aura lieu en 2018. Pour sa part, la Tunisie accueillera la réunion en 2020. Le XVIe Sommet de la francophonie, auquel a participé l’Algérie en qualité d’invitée spéciale, s’est achevé dimanche 27 novembre par l’adoption de la «Déclaration d’Antananarivo» appelant les pays membres à une meilleure coopération, notamment dans leurs actions contre le terrorisme.
Khider Cherif
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