Bouteflika modifie le projet de loi sur la retraite : l’opposition insatisfaite
Actualisé – Face à la colère du monde du travail, le président de la République est intervenu pour apporter un amendement au projet de loi relatif à la suppression de la retraite anticipée. Cet amendement, retenu bien entendu, prévoit la possibilité de partir à la retraite après 32 ans de service durant les deux prochaines années. Cette période de transition va prendre fin en 2019.
Ainsi, comme le souligne l’amendement, tout travailleur ayant totalisé 32 ans de service peut partir à la retraite en 2017, à l’âge de 58 ans, et en 2018 à l’âge de 59 ans. A partir de 2019, pour prendre la retraite, il faudra avoir à la fois 60 ans et 32 ans de service. Cet amendement introduit par le chef de l’Etat vise visiblement à faire passer la pilule et à apaiser un tant soit peu la colère des syndicalistes qui exigent le maintien de la retraite anticipée qu’ils qualifient d’un «acquis social». Les députés de l’opposition reconnaissent le geste du chef de l’Etat mais considèrent que cela reste insuffisant. «C’est très partiel comme recul mais nous enregistrons positivement l’intervention du président de la République. Nous votons contre cet article car, hélas, il ne modifie pas le contenu de la loi et ne règle pas le problème», a affirmé sur sa page Facebook Nadia Chouitem du PT.
Les parlementaires islamistes ont, eux aussi, rejeté ce projet de loi qui est entériné par la majorité des partis du pouvoir, à savoir le FLN et le RND.
Le FFS boycotte la séance de vote
Le groupe parlementaire du FFS a décidé de rejeter le projet de la loi relative à la retraite, en boycottant la séante de vote prévue ce mercredi. Dans un communiqué signé de son chef, Chafaâ Bouiche, et diffusé sur le site officiel du parti, ce groupe parlementaire qualifie ce texte d’«injuste», et dénonce l’exclusion des partenaires sociaux et politiques dans l’élaboration d’un projet de loi qui «engage l’avenir de millions de travailleurs».
Il justifie cette décision par le fait que ce projet de loi n’a pas été examiné par les membres de la Commission santé, affaires sociales, travail et formation professionnelle, mais aussi et, surtout, par l’exclusion des syndicats autonomes des débats et la répression contre les syndicats autonomes qui «ont été empêchés de tenir un rassemblement pacifique devant le siège de l’APN pour revendiquer des droits légitimes».
A cette occasion, il exprime sa solidarité avec les syndicats autonomes dans leur combat pacifique «en dépit de la violence et de la répression qu’ils subissent».
Dans le même sillage, ce parti de l’opposition estime que la décision de reporter de deux ans l’application de la loi, «prise sous la pression du combat des syndicats autonomes, des travailleurs et des vrais députés», ne change rien à son contenu.
Enfin, le FFS considère que la réponse aux questions économiques et sociales est avant tout «éminemment politique». «La crise trouve sa solution dans la reconstruction d’un consensus national», conclut le communiqué.
Hani Abdi / R. Mahmoudi
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