Le maître de la chanson chaâbie Amar Ezzahi nous quitte
Le grand maître de la chanson chaâbie Amar Ezzahi vient de tirer sa révérence à l’âge de 75 ans. Très estimé pour sa modestie, le chanteur est surtout connu pour être un des maîtres incontestés de la musique algéroise, héritée de l’autre grand maître El-Hadj M’hamed El-Anka. Amar Ezzahi a toujours préféré la simplicité aux feux de la rampe et a vécu seul jusqu’à sa mort. Des rumeurs avaient fait état de sa disparition, mais il semble que la dégradation soudaine de son état de santé fragile a poussé certains à anticiper l’information de son décès qui n’avait, d’ailleurs, pas été démentie officiellement, jusqu’à ce que la triste nouvelle tombe aujourd’hui.
Avec la mort d’Amar Ezzahi, c’est tout un pan du chaâbi algérois qui s’écroule, tant le maître incarnait la relève d’un des pères fondateurs de ce style musical propre à la capitale et très apprécié par des millions de mélomanes. Amar Ezzahi laisse derrière lui un répertoire très riche. Il rejoint ainsi d’autres grands noms du chaâbi, à l’instar de Hadj El-Hachemi Guerrouabi et Boudjemâa El-Ankis. Amar Ezzahi laissera un vide incommensurable à la Rampe Vallée qu’il n’a jamais quittée et où ouled el-houma (les enfants du quartier) lui vouent un grand respect et une admiration sans borne. Adieu Maître !
Des artistes saluent la mémoire d’un être d’exception
Des artistes et hommes de culture ont salué la mémoire d’Amar Ezzahi, décédé ce mercredi à Alger à l’âge de 75 ans, qu’ils qualifient d’«artiste exceptionnel» et d’«homme aux qualités humaines» avérées. Contacté par l’APS, Abdelkader Chaou déplore la disparition d’un «immense artiste qui avait atteint le niveau du chercheur», contribuant «activement» à l’essor et la popularité de la chanson chaâbie à travers toute l’Algérie. «Ses reprises des musiques des variétés occidentales, voire de la musique universelle, dans une version chaâbie a façonné le style d’Amar Ezzahi», a dit le chanteur qui appartient à la même génération d’interprètes du chaâbi que le défunt.
Très affecté par la disparition d’Amar Ezzahi, le chanteur chaâbi Abderrahmane El-Kobbi, également de la génération de l’artiste disparu, a pour sa part loué les grandes qualités humaines d’un «être exceptionnel» doublé d’un «grand artiste» dont la disparition est une «grande perte pour la musique chaâbie et la culture algérienne», a-t-il dit. Le chanteur Aziouez Raïs, un ami proche d’Amar Ezzahi, regrette avoir perdu en lui «une référence et un maître», en plus d’un «ami de 30 ans et un frère».
De son côté, le président du Conseil des arts et des lettres, Abdelkader Bendaâmèche, a salué un des «artistes les plus en vue» de la chanson chaâbie qui a marqué la chanson et la culture algériennes en tant qu’artiste et en tant qu’homme par son «style raffiné», sa «modestie» et sa «sensibilité».
Considéré comme un des maîtres de la chanson populaire algéroise, Amar Ezzahi, Amar Aït Zaï de son vrai nom, a débuté sa carrière à la fin des années 1960 en s’inspirant du style d’un autre grand interprète, Boudjemâa El-Ankis (1927-2015). Réputé pour sa discrétion, l’artiste, animait depuis près de cinquante ans des fêtes familiales. Sa dernière apparition sur scène remonte à 1987 à Alger lors d’un concert à la salle Ibn-Khaldoun. Décédé à son domicile, Amar Ezzahi sera inhumé ce jeudi après-midi au cimetière El-Kettar, à Alger.
Karim B./Agence
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