Des députés islamistes algériens en Turquie pour soutenir Erdogan contre Gülen
Dans une déclaration en douze points couronnant une assemblée de la Ligue des parlementaires pour El-Qods, réunissant des députés islamistes en Turquie, les lieutenants du président turc Recep Tayyip Erdogan, parrain de cette rencontre inédite, ont tourné autour du pot avant de dénoncer la tentative de coup d’Etat raté contre le sultan d’Ankara. En effet, la déclaration, supposée dénoncer l’embargo imposé par Israël aux habitants de Gaza et appeler au soutien des Palestiniens, a pour seul but, en réalité, de servir de document d’allégeance au président Erdogan sous couvert de combat en faveur de la cause palestinienne et contre l’entité sioniste. La réunion, qui s’est tenue les 29 et 30 novembre dernier, a regroupé des députés islamistes, dont des parlementaires algériens, qui ont pris part à ce conclave visant à renforcer Erdogan dans sa position de chef de file de l’Internationale islamiste.
Le président turc se trouve dans une position peu enviable depuis la tentative de renversement du régime réprimée dans le sang. Réagissant telle une bête blessée, Erdogan a multiplié les exactions et verrouillé le jeu politique dans son pays, jetant en prison des dizaines de milliers de citoyens turcs soupçonnés d’avoir participé au coup d’Etat raté. Cette réaction disproportionnée a révélé le véritable visage de ce dictateur dont les décisions post-putsch ont poussé l’Union européenne (UE) à réviser la nature de ses relations avec le régime d’Ankara. Erdogan a perdu tout espoir d’intégrer l’Europe occidentale. Il s’est donc tourné vers la Russie, en désespoir de cause, par crainte de se retrouver définitivement isolé sur la scène internationale, lui qui compte jouer un rôle important dans le nouveau jeu géostratégique imposé par les Etats-Unis dans le Moyen-Orient voisin.
Les islamistes du monde arabo-musulman ont donc donné un nouveau blanc-seing à leur maître d’Ankara pour lui permettre de faire face à la colère montante dans son pays, après avoir perdu ses soutiens qui l’ont fait parvenir au trône. La donne ayant changé – déroute de l’opposition armée en Syrie, défaite d’Hillary Clinton aux Etats-Unis, affaiblissement des monarchies du Golfe… –, Recep Tayyip Erdogan peut toujours compter sur ses fidèles disséminés dans les gouvernements et les parlements de différents pays d’obédience sunnite pour redorer son blason malgré ses échecs répétés.
Le soutien à la Palestine et au peuple palestinien n’est, en tout cas, qu’un argument fallacieux pour tromper l’opinion publique aussi bien à l’intérieur de la Turquie que dans l’ensemble des pays musulmans dont les peuples prennent fait et cause pour la cause palestinienne. Récemment, le président turc a appelé à renouer avec l’Etat hébreu, se mettant ainsi dans la peau de l’ambassadeur au service de Tel-Aviv et du régime raciste de Benyamin Netanyahu.
Sur ces entrefaites, les islamistes algériens couvrent cette entreprise hypocrite de leur gourou en se servant de la cause palestinienne comme moyen de diversion.
Karim Bouali
Comment (42)