Takieddine persiste et signe : «Oui, j’ai remis 5 millions d’euros de Kadhafi à Sarkozy !»
Les rebondissements judiciaires en France dans l’affaire dite «Takieddine» – du nom de l’homme d’affaires franco-libanais – rattrapent la promotion Sarkozy. Mis en examen par la justice française pour «complicité de corruption et complicité de trafic d’influence actif et passif ainsi que complicité de détournements de fonds publics en Libye», selon une dépêche de l’AFP, l’intermédiaire entre le régime du guide de la Jamahiriya assassiné et l’ex-président français promet des révélations explosives. «J’ai remis 5 millions d’euros d’argent libyen au camp Sarkozy quelques mois avant sa victoire à la présidentielle de 2007, à deux reprises, à Claude Guéant, alors directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, et une fois au futur chef de l’Etat lui-même», aurait avoué Ziad Takieddine. Ces propos tenus devant le magistrat français ne sont que la confirmation d’un témoignage recueilli par le média en ligne d’investigation Mediapart auprès de ce mystérieux homme de main de l’Elysée, déjà impliqué dans le dossier des rétro-commissions qui aurait coûté la vie à des militaires français à Karachi, au Pakistan.
Bien entendu, Nicolas Sarkozy et son complice présumé, Claude Guéant, ont nié ces allégations ; ce qui n’a pas, cette fois-ci, enrayé l’appareil judiciaire français. Il faut préciser que Ziad Takieddine n’est pas le premier témoin dans cette histoire de financement libyen de la campagne électorale de Sarkozy. L’ancien patron des services secrets de Mouammar Kadhafi, le clairvoyant Abdallah Senoussi, avait déjà rendu publique, lors d’une audition devant la Cour pénale internationale, la séquence du transport de valises bourrées de plusieurs millions d’euros destinées à Sarkozy.
D’autres acteurs qui ont trempé dans ces magouilles des hautes sphères de l’Etat français peuvent à tout moment sortir de leur silence pour apporter un morceau du puzzle de ce énième scandale crapuleux de la Ve république. Le nom d’Alexandre Djouhri, un ancien délinquant d’origine algérienne, reconverti en grand trafiquant d’armes et émissaire spécial des cercles du pouvoir français, serait remonté à la surface lors de l’audition de Takieddine. Barbouze aux ordres de décideurs politiques, il a été opérationnel dans le business illégal d’Etat. On peut le voir, sur des photos authentiques de la Toile, en tenue de baignade sur la côte d’Azur aux côtés de Dominique Villepin, l’ex-Premier ministre de Chirac. Djouhri pourrait, lui aussi, vendre la peau de l’ours. A moins qu’il soit éliminé avant, ce qui expliquerait sa cavale.
L’affaire Takieddine n’a décidément pas fini d’éclabousser l’Elysée alors que le fantôme de Kadhafi hante les banques françaises, italiennes et de bien d’autres pays occidentaux qui ont séquestré les avoirs de la Libye. Nous y reviendrons.
Maya Loucif
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