Dossier – Les partis et les législatives : le RND plus fragile que jamais (II)
Créé en 1997, dans le tumulte de la décennie noire pour parer à un éventuel effondrement du FLN, le RND se bat aujourd’hui pour sa survie. Avec 68 députés à l’APN, il représente officiellement la deuxième force politique du pays, mais rien ne garantit qu’il puisse maintenir cette position plus longtemps. Alors que des analyses prédisent, au contraire, un retour en force de ce parti aux prochaines échéances, en estimant qu’Ahmed Ouyahia a renforcé ses positions au sein du sérail et que la destitution de l’ex-secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, lui profiterait dans la conjoncture actuelle.
Confronté à la plus grave crise de son histoire, ce parti se prépare aux prochaines élections législatives dans la division et le retour de la fronde qui a déjà failli, en 2013, avoir la tête d’Ahmed Ouyahia, lequel peine à retrouver son aura depuis son retour à la tête du parti. Ce qui relance les interrogations sur sa décision : est-il sorti par la petite porte, poussé par la fronde qui ne cessait de prendre de l’ampleur dans les rangs de son parti ou était-ce un «retrait tactique», comme certains s’empressaient d’avancer, pour mieux préparer de futures échéances, autrement plus importantes ? Parce que, Ahmed Ouyahia, et cela dure depuis des années, était toujours promis à occuper la plus haute fonction de la République. Mais, à bien y regarder, les deux hypothèses manquent de cohérence.
On ne peut, en effet, admettre facilement qu’un homme aussi enraciné dans le sérail comme Ouyahia, qualifié de «chambellan de la République», soit jeté si vulgairement en pâture par des cadres qui n’ont aucun ascendant sur le parti et qui ne sont pas de vrais meneurs, à l’image de Yahia Guidoum ou des seconds couteaux comme Tayeb Zitouni ou Nouria Hafsi. D’un autre côté, il n’est pas aussi facile d’admettre l’hypothèse selon laquelle Ouyahia a consenti de partir dans ces conditions pour se tailler une place de présidentiable, au motif qu’une règle politique en Algérie voudrait que le «système» appuie la candidature d’une personnalité «consensuelle» et, par ricochet, non partisane. Parce que si tel était réellement son projet, il aurait pu (dû) prendre ses précautions pour éviter la bourrasque qui s’est abattue sur lui.
Les opposants à l’actuelle direction se sont engouffrés dans la brèche et se montrent de plus en plus audacieux. Ils l’accusent de vouloir «vendre l’image» du secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, comme «un homme providentiel», voire «un sauveur de la République», tout en utilisant les réseaux sociaux pour en faire la promotion et le proposer comme candidat à la prochaine élection présidentielle, sans passer par les structures du parti et sans le moindre débat interne. Après avoir installé des bureaux parallèles dans certaines wilayas, comme Béjaïa et Tiaret, ils menacent de présenter des listes électorales aux prochaines législatives. On ne sait pas sous quelle étiquette ni dans quelles circonscriptions les frondeurs voudraient se présenter, mais ce choix prouve, au moins, que la fracture est irrémédiable au sein du RND.
Pour barrer la route à ses adversaires, Ahmed Ouyahia multiplie depuis quelques jours les meetings et les rencontres avec la base militante. A Bordj Bou Arréridj, puis à Bouira, il a donné cette semaine des instructions strictes pour élaborer les listes électorales. Sur cette question, le RND a d’ailleurs innové en décidant de confier l’opération de confection des listes de candidats aux prochaines élections législatives et locales aux bureaux de wilaya. Un choix jugé démocratique, mais qui risque de rallumer le feu dans la maison RND.
R. Mahmoudi
(Suivra)
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